Prêts et emprunts en monnaie libre

Pour continuer la discussion entamée dans le fil du premier prêt bancaire à un particulier. Autres références : banque de prêt; prêt et épargne (où j’aurais dû répondre au lieu de créer ce fil). Bon, je réalise que ce sujet a été exploré moult fois. Comme quoi il attise les esprits !

Objectif de ce fil : explorer les différents enjeux liés aux prêts en monnaie libre.

Ce qui inclut :

  • réflexions générales sur le prêt de monnaie
  • déterminer les paramètres techniques
  • imaginer un panel d’offre et de possibilités

Quelques points pour commencer l’exploration :

  • Les gens aiment épargner, probablement pour le sentiment de sécurité que ça procure et la capacité d’acheter quelque chose (cher ou non) plus tard
  • Lorsque suffisamment grande pour couvrir une sécurité de base, et sans plan d’achat à venir, cette épargne peut alors servir à quelqu’un d’autre en étant prêtée (ou donnée, mais ce n’est pas le point ici)
  • Le prêt peut alors être vu comme soit 1) un service gratuit, « je ne m’en sers pas maintenant, rends-le moi plus tard » ou 2) un service payant, « c’est un service contre paiement »; ce qui amène le sujet des intérêts.

Fondamentalement, et pour rebondir sur ce que LaurentM mentionnait dans le fil lié, les intérêts sont donc un paiement pour le service d’avoir accès à une quantité de monnaie; dont le prêteur ne pourra plus jouir tout de suite.

Certes, ce n’est pas comme un paiement pour l’accès à un bien physique (comme la location d’une auto), mais il s’agit bien de vendre l’accès indirect à un bien physique ou à un service, que la monnaie permet d’obtenir. Les arguments de Guen sont pertinents : il ne faut pas chercher à avoir toujours plus d’argent avec de l’argent. Mais selon l’accord, une telle entente peut être pertinente dans certains cas.

Par exemple, l’épargne accumulée, dans le cas de la monnaie libre, correspond aussi à du temps de vie. Et pourquoi pas, à un mode de vie frugal; peut-être même à des privations. Il peut donc paraître cohérent de souhaiter vendre cet aspect. Genre, la fourmi ayant trimé tout l’été, peut exiger de la cigale un petit paiement pour avoir accès au fruit de son labeur.

Dans tous les cas, je crois que la volonté de prêter, avec ou sans intérêts, dépend de chacun et de sa relation à l’argent, de ses besoins quotidiens, de ses intentions futures. Mais on peut dire que la liberté de proposer ce service contre paiement est nécessaire, car je pense que certains le souhaiteront, et c’est peut-être ce qui permettra de lancer un certain nombre de projets.

Ainsi selon moi, les concepts d’épargne et de rendement, même si un peu à contresens de la TRM, restent une porte d’accès, une invitation, à la monnaie libre pour ceux venant de la monnaie dette; et, considérant l’aspect de la création monétaire sans dette, je pense que c’est en fait compatible !

Certes, en bout de ligne le fait d’emprunter deviendra obsolète. Mais alors, dans un monde de gratitude et de pur cadeau en accord avec les lois de la nature, la monnaie n’aura plus lieu d’être ― mais ne rentrons pas dans cette discussion ici.

En attendant, la question est alors :
comment rendre un système de prêt (avec ou sans intérêts) juste et équitable dans le contexte de la monnaie libre ?


J’ai lu avec intérêt (!) les explorations mathématiques présentées dans le lien référencé plus haut, mais je n’ai pas déchiffré grand chose. Je comprends qu’il y a des enjeux liés à la relative variation du DU.

Les questions mathématechniques relatives sont par exemple :

  • emprunte-t-on des DU ou des Junes ?
  • en remboursons-nous plus de DU/June, moins, égal ?

Je ne sais que dire à ce sujet, je laisse la résolution aux pros, et me met plutôt du côté des questions englobantes.


Avec la monnaie libre, je trouve que beaucoup d’options deviennent intéressantes !

Posons déjà quelques bases.

On peut imaginer différents types de prêts :

  1. Grosse somme maintenant (pour dépense majeure)
  2. Petite somme récurrente (suite à augmentation des dépenses quotidiennes)

On peut imaginer plusieurs façon de rembourser :

  1. Montant à Fréquence pendant Durée.
  2. Montant ou Totalité spontanée

avec des Montants :

  1. Identiques
  2. :croissant: (croissants)
  3. :croissant: :croissant: :croissant: (décroissants)

dans plusieurs délais :

  1. À partir de maintenant
  2. Après Délai

On peut imaginer différentes sources de prêt :

  1. Un seul humain
  2. Plusieurs humains (sorte de financement participatif)
  3. Une entité (créée par des humains et y étant liée)

et différents destinataires :

  1. Un seul humain
  2. Plusieurs humains
  3. Une entité (qui devra conclure un contrat de remboursement avec les humains l’ayant créée)

Le service de prêt peut être rendu :

  1. Gratuitement (sans intérêts)
  2. Contre paiement (avec intérêts)

Si paiement, il peut être :

  1. En échange (biens, produits, service)
  2. En monnaie

Bon, ça laisse pas mal de liberté dans les paramètres, et j’en ai peut-être oublié !


Ensuite, n’oublions pas un aspect très important : la monnaie libre June est basée sur la bloc-chaîne.
En tous cas pour l’instant.

Pour moi, c’est un aspect clé de toute cette affaire car il nous permet de programmer des contrats intelligents qui vont gérer tout ça pour nous. C’est ce qui selon moi va rendre tous les paramètres exposés plus haut d’autant plus intéressants, et favoriser la popularisation du fabuleux monde de la monnaie libre.

En somme, ça permet surtout un élément clé qui repose sur la garantie qu’un humain crée une certaine quantité de monnaie à intervalle régulier : le remboursement est programmé directement au niveau de la création du DU. Ainsi, plus besoin de se soucier des échéances, ni pour l’emprunteur ni pour la prêteuse. On a la visibilité de combien de DU est produit, et pouvons emprunter en son regard.

On peut ainsi déterminer un plafond de remboursement selon l’usage individuel. On peut aussi se permettre de réemprunter facilement par-dessus des emprunts existants, jusqu’à une limite qu’il adviendra de déterminer.

De l’autre côté, celui des prêteurs, on pourra imaginer des packs de placements, et créer par exemple des piscines de liquidité permettant l’épargne pour les uns, l’emprunt pour les autres, à différents taux, termes et conditions.


Pour clôre ce post, je crois que, à l’image de la dégénérescence de la DeFi des cryptomonnaies qui expérimente en temps réel des stratégies financières avancées dont nous avons, ici en monnaie libre, peut-être un peu à apprendre, il y a ici la place (et un intérêt pour pirater lesdits dégénérés) à une certaine forme basique de financiarisation de la monnaie libre, à partir des simples concepts humains d’épargne et d’investissement (encouragement avec récompense), fondé sur le fait que chaque humain crée de la monnaie.


Je vais arrêter ici, y’a matière à discuter !

:palms_up_together: :sparkles:

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Questions :

  • Comment financer la construction d’une maison sans faire d’emprunt ?
  • Comment financer la création d’une entreprise ?
  • Comment financer la construction d’un bien public comme un hôpital par exemple ?
    Merci pour vos réponses.
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Hum hum

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Dans le cas d’une économie plus collectiviste, le financement participatif pourrait être important. Passer par là plutôt que par un prêt/crédit privé rend plus difficile de monter un projet à but purement lucratif et néfaste pour la société en général, mais qui plaît au prêteur car il y trouve son compte.

Si un village veut avoir un boulanger, il peut financer l’installation d’une boulangerie. Mais ça implique que le boulanger ne cherche pas à optimiser uniquement son profit personnel par son activité, mais aussi le pain pour le village.

Une caisse de dons, du genre mutuelle ? Se loger est un droit fondamental, après tout. Chacun ne se construit pas de maisons très souvent, et si c’est le cas on peut se demander si c’est légitime.

Les emprunts à long terme forcent à conformer sa vie aux volontés du créancier (par exemple le modèle de vie emprunt pour financer les études, puis boulot pourri pour rembourser), ça doit générer du stress, bref ça a l’air souvent néfaste.

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Une caisse de don ou et une caisse de prêt permettent de financer des projets.

Une fois que les DU sont créés, qu’ils soient dépensés échangés, dépensés donnés, prêtés à court moyen ou long terme ou épargnés, ne change rien à la masse monétaire.
C’est hallucinant de lire que certains ne captent pas cela.

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Salut @JiLune

Je suis conscient de l’importance de la phase transitoire quand on cherche à mettre en pratique un concept pour le moins prometteur… Mais, et c’est là où je ne suis pas forcément d’accord avec toi, c’est qu’à aucun moment, avec une telle approche dans le discours, on ne perçoit de dynamique de rupture avec le modèle actuel. Alors, est-ce un peu tôt, pour mettre en garde un projet qui a déjà su amorcer une application concrète de ses intentions, et qui doit sans doute composer avec déjà pas mal de contraintes de terrain ? Je ne sais pas, à voir…

Mais il me semble que, sans pour autant vouloir déjà décourager les gens avec un discours « moralisateur » sur un projet à peine sorti de l’œuf et qui cherche encore à faire ses preuves, il ne s’agit pas non plus d’être complaisant envers ceux qui ne voient et n’y verront qu’un bon coup à flairer et sur lequel il faut se placer le plus tôt et le plus rapidement possible… pour enfin vivre ce qu’ils ont toujours finalement désiré et éviter de devoir constamment se le cacher en le dénonçant chez les autres (« Ben, et toi alors ? »… bon d’accord, j’accepte la boutade, c’est de bonne guerre :wink:).

Bref, comme je le disais plus haut, par sa mise en application concrète, la June passe par un phase transitoire qui peut jouer de cette ambiguïté constitutive de la transition. Par souci de la rendre accessible au plus grand nombre, je trouve qu’elle fait montre de trop de complaisance vis à vis de certaines pratiques comme le prêt, qui pourtant sont des signes profonds du malaise qui nous a amené à devoir créer une monnaie alternative aujourd’hui et par conséquent signe de mauvais départ (ou de faux-départ ?)

Mais passons pour le prêt en tant que tel. A la limite, tant qu’il n’était un outil de domination pour personne, il se régulait de lui-même et ne faisait que très peu de mal au final.Non, ce qui me surprend, c’est sa banalisation à travers des propos comme les tiens @JiLune, alors que l’on est aujourd’hui à un niveau historique d’organisation de ce prêt qui ne peut plus être niée et qui est pourtant mis avant avec la légèreté d’une pratique anodine et sans danger et qui n’est là que pour faciliter la transition.

Mais alors que l’on aspire tous, ou la plupart, à retrouver une société relativement saine dans son fonctionnement voilà déjà qu’apparaissent des pratiques que je trouve plutôt ambiguës comme le « prêt en DU » qui devrait tout au moins poser, selon moi, question chez les utilisateurs potentiels (comme moi) de la June car, comme je le faisais remarquer dans le post à l’origine de celui-ci, c’est pour moi un contresens, tout au moins dans les termes. Prêter quelque chose n’est évidemment pas méchant en soi (et ce, même si c’est de l’argent et même si je reste très critique pour ce qui est de ce cas particulier dans le principe…) mais plutôt de donner l’illusion de prêter quelque chose (et je dis bien « prêter ») alors que l’on ne prête rien… comme quand on prête (et c’est, selon moi, et il peut y avoir quelque chose qui m’échappe, et c’est tout le débat je crois…) ce que j’appelais des « G1 en DU ». Mais je ne me pose pas non plus en expert de la June simplement en critique « averti » comme devrait l’être n’importe quel citoyen se posant un minimum de questions.

Je suis désolé mais, encore une fois, si l’on peut comprendre les vieux réflexes d’une vie frugale et prévoyante quant à l’épargne de sa monnaie libre, dans la mesure où l’on s’implique corps et âme dans la vie économique de son pays et que l’on est conscient de la réactivité dont on doit faire preuve face aux imprévus qui nous touchent, on doit comprendre qu’il nous faut privilégier à ces vieux réflexes empiriques, l’effort de prendre du recul vis à vis de l’économie aujourd’hui car, grâce au DU (justement), on peut et on doit le faire pour se protéger de pratiques extrêmement sophistiquées.

Comprendre que thésauriser par souci du lendemain (l’épargne) est sans doute louable dans l’intention mais pas forcément dans la forme et qu’avec les outils numériques qui sont aujourd’hui à notre disposition, on a plus nécessairement besoin de priver l’économie de notre argent pendant toute une vie… car elle en a précisément besoin pour tourner. A elle maintenant (mais l’économie c’est nous) de faire en sorte – par des pratiques vertueuses ou, en tout cas, moins lucratives dans leurs finalités – que cette quantité d’argent qui la fait tourner circule de mieux en mieux entre ses membres. Et pourquoi pas, parce qu’elle circule (mais surtout fait circuler), qu’elle parvienne davantage à se faire oublier au profit d’une qualité de vie (niveau de vie confortable et genre de vie, non pas privatif – chacun fait ce qu’il veut – mais vigilant, quant aux dérives qui apparaîtront nécessairement, mais surtout dans leur niveau d’organisation) qui peut à nouveau émerger au cœur du lien social.

Alors; il vaut mieux qu’on prête de l’argent parce qu’au moment où on le fait, on n’en a pas besoin, au lieu de le « prêter à contre cœur » parce qu’on s’est privé toute une vie et qu’on exige, de fait, un remboursement pour palier à notre amertume ou frustration (et quand elle est grande, les intérêts apparaissent en général). Car aujourd’hui, on en est à une amertume qui, parce qu’elle s’est organisée au point d’être reconnue politiquement, peut même se nier d’en avoir été une puisqu’elle s’est cultivée dans le temps et évite à ceux qui la serve de devoir l’éprouver directement comme « réponse tampon » à travers un prêt (qui se voulait pourtant modéré face à la frustration qu’aurait généré directement un don chez le prêteur frustré) pour leur permettre d’en jouir immodérément si jamais elle survient.

@Mateo Dans une économie vertueuse, ou en rupture avec l’actuelle, la première devrait être encouragé. La seconde, simplement tolérée. Et une activité qui se résume uniquement à faire des prêts doit aujourd’hui au moins interroger.

Mais, encore une fois, il ne s’agit pas d’empêcher le prêt en tant que tel (il existait bien avant moi). S’il est apparu et s’est institutionnalisé c’est qu’il y a une raison. La raison on la connaît tous : son potentiel comme outil de domination sur les personnes et sur les peuples chez des sociétés avec un certain niveau d’organisation économique (typiquement les empires).
Il s’agit donc plutôt de l’encadrer afin qu’il ne perde pas de vue son rôle étymologique de soutien de l’économie réelle (même s’il semble lui échapper aujourd’hui) et non celui de frein… Il doit donc, selon moi, servir des projets à dimension humaine, qu’ils soient collectifs ou particuliers. J’entends par « dimension humaine », ce lien social qui a besoin de cet ancrage dans le sérieux économique pour s’élaborer à différentes échelles de la relation humaine (publique/privée) et éviter de renvoyer constamment à une activité économique comme le prêt (« ce don qui se nie encore »…), et relativement pauvre sur le plan social, sa pure fonctionnalité économique en face.

Je sais que ce que je dis est pompeux… mais concrètement qu’il y ait des organismes de prêt n’est pas le problème ; que jean ait préféré passer par un organisme de prêt, pour la discrétion de l’anonymat, plutôt qu’un financement participatif, beaucoup plus voyant selon lui, n’est pas le problème. Ce qui pose problème c’est que jean se réduise, pour la société qu’il sert pourtant, à « un numéro compte dans un tableau excel avec une balance bénéfice/risque du remboursement inférieur à « x », débiteur sur 3 ans, et j’en passe et des meilleures » ; c’est à dire qu’une dimension humaine se mette, par facilité, au service d’un algorithme et se systématise avec lui…

Oui, ils n’ont aucune incidence sur les fluctuations de cette masse monétaire, toujours plus soudaines et dévastatrices, dues à des pratiques lucratives toujours plus nombreuses. (Vous voyez, je peux faire court même si c’est pas facile :stuck_out_tongue:)

Cette discussion est vraiment très chouette. Enfin je l’imagine, je n’ai rien lu.
Mais c’est toujours bien de parler, tout ça… discuter, parler, parler, parler…
Bon après si vous voulez un peu être aussi, de temps en temps, dans l’action dans la vrai vie, nous on fait des prêts :

Déjà 2 personnes ont fait appel à nous et ont ainsi pu s’acheter des objets qu’elles n’auraient pas pu s’acheter sans nous !
Profitez-en nos prêts sont à taux zéro, pour le moment.
Moins on aura de pognon, moins on le prêtera, et plus on le louera, c-à-d qu’on fera payer le prix de la location, ce que dans le jargon nous autres banquiers nous appelons « intérêts ».

Pas mal pour le cynisme… mais dans la « vrai vie » c’est plutôt le « burn-out », la « dépression » et les anxiolytiques. En tout cas ta remarque prouve bien que le système - que tu soutiens en lui faisant visiblement des ponts… - n’a jamais été aussi flamboyant que la veille de son effondrement.

Tu connais Sergio Leone… le grand cinéaste… Et ben il a fait un film « mon nom est personne » que j’imagine que tu connais (même s’il n’en était pas le réalisateur officiel ; Bref). Dans ce film il résumait la morale des temps modernes comme ceci :

Ceux qui te foutent dans la merde ne le font pas toujours pour ton malheur… Et ceux qui t’en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur… mais surtout, quand tu es dans la merde, tais-toi !.. (Sergio Leone : « La Fable du petit oisillon » que je vous invite à réécouter à travers le film)

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On évoque la possibilité d’un prêt avec intérêt (pour mémoire, le principe est prohibé tant par la théologie chrétienne que musulmane), mais, non seulement, cette pratique (elle date de l’Antiquité) a du être maintenue en contexte religieux hostile, mais, elle a du pour être acceptable dans ce contexte, être assortie d’une interdiction de l’usure.
Le moyen ? La fixation par l’État du taux maximum pour les intérêts, dit taux de l’usure ou taux usuraire.
Question : ce taux s’applique-t’il aux prêts non monétaires, comme le prêts d’actifs numériques ?

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Tu me prêtes ta voiture ?

:smiley: :smiley: :smiley: :smiley: :smiley:
ça en dit long sur ton âge…
Il m’a fait ma soirée…

@Guen Je pense comprendre ton opinion, et d’où il vient.

À mon avis, il est similaire au mien, mais peut-être que je ne l’ai pas bien véhiculé.

On ne veut pas reproduire les dérives monétaires du système que l’on quitte. J’en saisis bien les enjeux.

Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain (ouais, drôle d’expression nord-américaine).
Il y a peut-être des aspects du prêt qui ont du sens dans un monde de monnaie libre, et je crois que tu es d’accord.

De toute façon, le prêt et l’emprunt font partie intégrante de l’échange monétaire, puisqu’il s’agit d’une entente pour l’échange et la diffusion dans le temps de la valeur stockée. Si on autorise le stockage, alors le prêt est non seulement possible mais pertinent, et certainement souhaité par certains.

Je comprends aussi que la monnaie n’a de réel intérêt que si elle circule. C’est selon moi le point le plus important, merci de l’avoir mentionné ! Car ainsi, encourager les gens à stocker et prêter plutôt que dépenser n’est pas pertinent; une telle dérive serait effectivement possible avec un système de prêt payant. C’est pourquoi il est important d’en parler (et d’expérimenter, oui, certes M1ch3l) pour s’assurer que les choses soient faites correctement.

Aussi, c’est vrai qu’un état d’esprit basé sur la survie dans un monde de disette fait en sorte qu’on souhaite se créer une épargne. Ce ne sera pas toujours le cas, c’est vrai, alors il ne faut pas prendre cette assomption à la légère.

Le don, que tu évoques, est tout à fait ultra important, mais c’est une autre histoire. Échange monétaires et don sont deux paradigmes différents, qui cohabitent certainement et dont la monnaie libre agit probablement en transition, mais on ne peut pas justifier l’atrocité du prêt avec cet aspect qui est en fait totalement anti-monétaire. Ce n’est donc pas parce qu’il est beaucoup plus harmonieux de donner, et qu’on aimerait bien vivre dans ce monde, que toute pratique financière est mauvaise en soi, surtout dans un monde toujours monétaire, même « libre ».


Je crois qu’on est d’accord sur l’ensemble, et mes propos ne sont pas pour banaliser, plutôt pour explorer !

Ce qui est logique, non ?

Bonne question

Ben, en ce qui me concerne, si tu me crées une voiture aussi vite que tu appliques tes taux d’intérêts, j’ouvre mon agence de location demain, si tu veux…

Oui, j’ai bien compris et ce n’était bien sûr pas une critique malveillante (au contraire)… Ton post en témoigne et je t’en remercie pour ça.
Ceci dit, peux-tu m’expliquer quel est l’intérêt de déjà proposer des « prêts en DU » alors que tout les membres de la toile de confiance sont, quelque part, censés déjà en stocker ?.. Il y a probablement quelque chose qui m’échappe.

Je ne comprends pas la question, ou son implication.

Veux-tu dire que les membres actuels ont probablement déjà amplement de DU stocké, et donc n’ont pas besoin d’emprunter ?

Si c’est de ça qu’il s’agit, il y a au moins deux angles de réponse :

  1. on discute de prêts en monnaie libre, pas nécessairement de prêts en June
  2. ceux qui arrivent dans l’écosystème bénéficieraient probablement de ressources monétaires pour s’intégrer et faire fleurir le réseau; certes, n’oublions pas la contribution qu’ils recevraient de la part des créateurs monétaires en échange de leur propre création de valeur produit/service (activité qui peut d’ailleurs dépendre de l’accès à des ressources monétaires)

erreur, la masse monetaire ne fluctue pas, ni soudainement ni qu’est-ce , la masse monétaire augmente regulierement prévisiblement à la même date pour tous les membres qui choisissent de la coproduire.
Les pratiques de monnaie libre n’ont absolument aucun effets sur la masse monétaire.

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Juste pour le Fun :stuck_out_tongue::

Dernièrement, en voulant m’inspirer du modèle usurier, j’ai accepté de prêter ma voiture à ma femme, à la seule condition que la contrepartie ne soit pas financière (pour me démarquer un peu de mes maîtres). Aussi, j’exigeai de ma femme d’être réglé du principal et des intérêts chaque soir au retour du véhicule… Elle s’appelle Carmen…

Mais, pensant prendre enfin le contrôle dans le couple, en bon apprenti-usurier que j’étais, j’ai constaté que c’était elle, à me mesure que j’augmentais mes taux d’intérêts, qui me réclamait des taux toujours plus élevés et applicables sans délai… N’y pouvant plus tenir, j’ai stoppé dès le troisième jour le prêt de voiture à intérêts et exigé le retour immédiat et désintéressé au don.

Mais ne voilà t-il pas que Madame refuse le retour au don et manifeste depuis sa liberté de subir l’usure la plus redoutable et ce qu’importe celle que je lui rends d’utiliser ma voiture comme elle l’entend (ce qu’elle refuse désormais). Pensant trouver sur le forum de la monnaie libre un peu de soutien, je constate que ce sont mes confrères banquiers (qui ne le sont depuis : car j’ai arrêté l’usure…) qui sont les plus réticents à stopper le « prêts à intérêts » simplement parce que j’aurais dû exiger de ma femme une contrepartie financière. Pourtant, je reste persuadé que ma voiture et que la contrepartie en nature payée par ma femme devraient pouvoir être traitées comme n’importe quelle devise…

On est en plein délire, moi je vous le dis ! Enfin bref, toujours est-il que nous sommes désormais en pleine négociation, ma femme et moi, sur le montant des taux à appliquer mais dès que je lui parle de prêt à taux zéro, elle m’oppose chaque fois son droit à l’esclavage volontaire…

Voilà pour l’anecdote. Mais, entre nous, je n’y comprendrais jamais rien aux femmes…

L’éternel problème entre « ce qu’on théorise dans sa tête » et "la réalité de la vie (ou l’expérience) ".

Il se trouve que des individus prêtent des « valeurs » à d’autres, en leur demandant des retours. Ca peut être des voitures, des outils, des instruments, voire même des chiffres cryptographiques.

Lorsque l’on est face à cette expérimentation, il me parait étrange de vouloir tordre la réalité pour lui faire dire ce qu’on aimerait qu’elle nous montre, plutôt que d’essayer de mieux comprendre ce qu’il se passe.

Je suppose qu’il y aura les mêmes sortes de débats lorsque la Ğ1 apparaîtra pour la première fois sur une place de change de cryptoactifs, avec des individus qui s’insurgeront que la réalité n’est pas conforme à ce qu’ils pensaient qu’elle était.

:no_mouth:

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Exactement comme l’idéologie absurde de salaire à vie, de monnaie locale comme alternative et de solution que serait l’echange marchandise (le sel/ j.e.u)

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Un prêt de 1 DUğ1 sans intérêt dans le référentiel relatif (précisé dans le contrat de prêt) correspond à un prêt à 10%/an dans le référentiel quantitatif (au bout d’un an pour 1 emprunt de 10ğ1 vous rendez 11ğ1)
Un prêt sans intérêt dans le référentiel quantitatif (J’emprunte 10ğ1 et je rends 10ğ1 un an plus tard) correspond à un prêt à intérêt négatif dans le référentiel relatif (montants exprimés en DUğ1) (vous avez emprunté 1DUğ1 et remboursez approximativement 0,9DUğ1 au bout d’un an)


Que vous vouliez ou pas, rien n’empêche celui qui veut de recréer tout système financier à l’oeuvre dans la monnaie-dette : prêt à taux fixe, variable, prêt revolving/conso (renouvelable en permance jusqu’à un plafond donné)… Simplement il est plus difficile de rassembler un capital en monnaie « permanente » (non destructible) comme la ğ1 qu’en monnaie-dette (celle que les banquiers créent quasi à volonté pour qui leur agrée, monnaie apparue par simple frappe de chiffres sur un clavier et qui disparaît au fur et à mesure des remboursements)

(En appartée : y en a un qui avait dit qu’il n’y a pas d’argent magique : le gros menteur! lui qui ces temps-ci se place au dessus de la mélée électorale)

Une autre citation approximative : « la ğ1 existe maintenant, elle deviendra ce que vous en ferez »

Une autre considération : rien n’empêche des possédants poids lourds en monnaie dette ( des grands actionnaires, des oligarques, les gros riches pour faire simple) d’évaluer leurs biens en monnaie libre, de tâcher d’influencer grâce à leur capital, les marchés en monnaie libre, et d’engranger des profits dans cette monnaie libre, de dominer économiquement et influer fortement dans ce nouvel espace monétaire.

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pour être précis, le taux d’intérêt sera de 10 % quand on sera en monnaie pleine. Pour l’instant le taux d’intérêt est de 1.8 % cette année (c’est la croissance du DU qui est passé de 10.32 à 10.51).

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@JiLune et @Guen j’avoue avoir eu du mal à lire vos argumentaires quand au fil de ceux-ci vous y avez exprimé l’hypothèse que la june ne serait qu’une transition vers une « économie » du don et sans monnaie.

Il me semble qu’il y a un biais important induit par les deux idées suivantes dont je suppose qu’elles sont les bases de votre réflexion :

  1. Toute monnaie est forcément maléfique. Certes j’ai bien conscience que beaucoup de monnaies jusqu’à présent n’ont pas été très vertueuses, mais la monnaie libre n’a qu’une seule ambition des plus modestes et des plus révolutionnaires qui soient pour autant, celle de n’être qu’un étalon de mesure. Si vous supposez cela, vous supposez donc qu’un étalon de mesure puisse être bénéfique ou maléfique en soi, c’est assez étrange… Je veux bien entendre que mon argumentaire manque de subtilité mais il me semble qu’il y a encore beaucoup de confusions entre l’outil et ce que les gens en font, voire même peut-être qu’on est à la recherche d’un objet miraculeux qui corrigerait l’Homme de l’extérieur…
  2. Vous avez l’air de pré-supposer qu’une « économie » du don, sans monnaie est possible. Or comme beaucoup qui pensent comme vous, j’attends toujours qu’on m’en fasse la démonstration et pourquoi elle n’est pas applicable de suite ? Ca serait vraiment génial, plus besoin de Cesium, de PC, d’électricité même et j’en passe ! Je vous prierai de m’épargner les théories new-age qui disent que dans cent ans nous serons tous télépathes, ou pire encore les théories transhumanistes qui feront que nous communiquerons via des puces implantées dans le cerveau…

Je trouve qu’il y a une grosse hypocrisie dans « l’économie » du don en dehors des systèmes tribaux bien-sûr. Cela pré-suppose que par une quelconque magie TOUT puisse se donner TOUT LE TEMPS sans jamais en attendre la moindre contrepartie. J’insiste bien sur le « tout » et le « tout le temps » à bien différencier du don ponctuel qui est nécessaire à tout un chacun pour ne serait-ce qu’une question de bonne santé mentale. Mais peut-être que même le don le plus désintéressé qui soit est toujours un mensonge ? Derrière chaque « sacrifice » il y a peut-être toujours au moins une quête d’amour ou de rédemption…

Tout donner, tout le temps revient à dire in fine qu’il n’est point besoin de mesurer les valeurs puisque tout aurait la même valeur. Et l’égalitarisme forcené est une tyrannie qui convient toujours à la fin aux plus violents. Mesurer un échange donne aussi la possibilité au plus faible d’être dédommagé…

Certes pour corriger les injustices, il faut une société saine et on pourrait imaginer qu’une société basée sur la ML s’en rapprocherait fortement mais ce ne serait pas suffisant, il faudrait appeler encore à d’autres forces mais là on dépasse le sujet initial…