Bonjour à tous,
je reviens dans ce fil après quelques jours de décrochage…
Attention, argumentaire un peu long, merci à ceux qui prendront le temps d’essayer de bien comprendre mes propositions et à y apporter des avis constructifs.
Déjà merci @Paulart pour la vidéo sur le Dividende Universel que j’ai beaucoup appréciée. Du coup j’ai fait un petit don au passage.
Merci @Tchois pour tes interrogations qui confirment qu’il n’est pas anormal que les nouveaux se questionnent aussi, j’en fais partie. Tout ceci n’est pas simple. Je précise que je ne suis pas du tout spécialiste d’économie, que je ne m’y intéresse que depuis que j’ai plongé dans la Ğ1, mais quand on ouvre les yeux cela devient rapidement passionnant. J’ai aussi la chance de discuter parfois de cela avec un ami professeur d’économie « ouvert » et capable d’un vrai regard critique sur le système de la MNL.
Par rapport aux éléments apportés par @Tchois, mes réflexions complémentaires me confortent dans un accord avec l’importance de la masse monétaire moyenne, et de la vitesse de circulation de cette monnaie. Mais ces deux points sont probablement liés, et sur ce dernier point (vitesse) je ne sais pas encore comment il faut l’exprimer et j’y reviens ci-dessous. Enfin, je crois que ces éléments clefs pour la viabilité d’une économie en ML ne sont pas décorrélés d’un consensus collectif sur l’évaluation des prix. J’essaie de détailler cela…
Commençons par la vitesse… Je crois que dans les échanges sur le sujet de la vitesse de circulation, on omet souvent de dire de quoi on parle. Est-il important pour la fluidité de l’économie, et surtout le bien-être des individus de la communauté économique (c’est quand même cela que l’on cherche non ?), que la masse d’échanges (quantifiée en Ğ1 ou en DU) soit importante (rapide) quels que soient les Biens & Services échangés avec cette monnaie ? Ou plutôt que beaucoup de B&S soient échangés, quelle que soit la masse monétaire correspondant à ces échanges ?
Exemple, si un fromage ou une baguette se vendent à 1Ğ1, pour chaque fromage (baguette) vendu 1Ğ1 va circuler. Lors des échanges quotidiens de la population, on observera une certaine vitesse de circulation de la monnaie. Une personne, disons Joël, qui achètera un fromage et une baguette chaque jour pour se nourrir fera circuler 2Ğ1/jour. Parfait.
Si par contre un fromage ou baguette s’échange à 20Ğ1, à chaque achat d’un de ces biens, 20Ğ1 vont circuler, ou 40Ğ1 par jour pour Joël qui se nourrit ainsi. Super, la monnaie aura circulé 20 fois plus vite !! … Mais Joël aura seulement échangé un fromage et une baguette, est-ce mieux ? Pas sûr.
Ensuite la notion de « Pouvoir d’Achat » disponible à chaque instant intervient. Autrement dit, que peut acheter Joël avec la monnaie dont il dispose ? Quelle quantité de B&S ? Ici bien entendu les plus riches et les moins riches n’auront pas le même PA. Mais raisonnons en PA moyen. Il sera directement lié d’une part à la masse monétaire moyenne (M/N), que j’interprète comme le nombre de Ğ1 disponibles pour « l’individu moyen », et d’autre part aux prix moyens pratiqués dans la communauté économique. Plaçons-nous dans l’hypothèse d’une situation « monnaie pleine » (au sens de la ML, donc quelques décennies après la stabilisation du nombre de junistes), quand M/N vaudra 3742DU (perso quand je fais le calcul je trouve plutôt 3829DU, mais c’est un détail technique que je laisse de côté, peut-être dû à la différence entre des calculs en mode continu ou discret). Alors le PA de Joël sera 20 fois plus faible si le prix moyen pratiqué de fromage et baguette est de 20Ğ1 que si ce prix est de 1Ğ1. Donc lorsqu’il aura acheté sa baguette et son fromage à 40Ğ1, il décidera certainement de se serrer la ceinture pour pouvoir payer son loyer, son chauffage, la scolarité de ses enfants… Si à l’opposé le prix moyen est de 1Ğ1 il se permettra certainement d’acheter d’autres B&S, des jouets pour ses enfants, un instrument de musique pour ses loisirs…, ce qui générera de l’activité économique, donc de l’emploi. Joël fera circuler à peu près autant de Ğ1, mais qui correspondront à beaucoup plus de B&S échangés. Donc beaucoup plus de dynamique de l’activité économique réelle, ce qui permettra à plus de gens de bien vivre dans cette économie. On aura non pas une circulation plus rapide en nombre de Ğ1 (ou de DU), mais une circulation plus rapide des B&S. Et c’est ce qui est important.
Voilà pourquoi d’un côté je rejoins certains points de vue de @Tchois sur les liens avec la M/N, mais d’un autre je ne suis pas d’accord sur « se détacher totalement d’un rapport avec d’autres valeurs ». Je refuse bien entendu la comparaison de la ML avec les MLN, cette comparaison directe n’aurait pas de sens. Par contre je considère que la valeur de la ML par rapport aux valeurs de la vie réelle ne peut pas être écartée. Il n’y aurait pas de sens non plus à faire une monnaie complètement décorrélée des B&S dont les échanges font l’économie réelle, font la communauté économique réelle, et font vivre la population.
Si j’admets maintenant que la valorisation de la Ğ1 par rapport aux biens réels a un impact sur la dynamique et la vivacité de l’économie, donc sur le bien-vivre des membres de la communauté économique, alors quelle est la bonne valorisation de la Ğ1, et d’abord sur quelle base la définir ?
La position dogmatique des monnaie-libristes actuels semble être « chacun est libre de choisir ce qui est valeur pour lui ». Et je suis 100% d’accord avec ce postulat (ce « dogme ») de base, sinon je n’aurais pas accordé de crédit aux 4 libertés fondamentales de la ML, et je ne serais pas devenu juniste ! Le corollaire de cela est que chacun est libre de convenir avec une autre personne de l’estimation de la valeur d’un bien en relation avec un nombre de Ğ1, et d’échanger ce bien contre ces Ğ1. Encore 100% d’accord.
Le corollaire de ce corollaire est que chacun est libre de construire un consensus avec d’autres monnaie-libristes sur la valeur en Ğ1 de biens de consommation courante. La libre constitution d’un tel consensus dans une partie de la communauté ML n’est en aucun cas en opposition avec la liberté individuelle d’estimation de valeur. La liberté individuelle inclut la liberté de travailler ensemble à la construction d’une communauté meilleure, plus juste et plus efficace, face au monopole et aux injustices des MNL.
Prenons quelques exemples dans d’autres domaines.
La liberté de choisir dans quelle langue et avec quels termes chacun souhaite s’exprimer n’empêche pas de se mettre d’accord avec ses voisins sur un langage commun pour les discussions courantes. Et cela n’empêche pas à des communautés locales, ou à des corps de métiers de définir leurs propres champs de vocabulaire en complément ou en remplacement de termes du langage du reste de la communauté.
Citons aussi l’exemple des logiciels libres. Si chaque développeur avait décidé de développer des logiciels avec son propre langage de programmation, ou si chacun avait décidé sous prétexte de sa seule liberté individuelle, de créer son propre système d’exploitation, Linux et tous les logiciels libres n’en seraient pas où ils en sont. Les logiciels libres ont pu se développer efficacement face aux géants de l’informatique commerciale et prendre une place importante dans la communauté mondiale, Internet etc. parce que les développeurs ont librement accepté de s’entendre pour faire quelque chose d’efficace. Ce qui ne les a pas empêchés de parfois faire évoluer leurs choix quand une solution encore plus efficace apparaissait. La liberté de choix, de comportement et de décision n’empêche pas les actions collectives si l’on veut gagner en efficacité, bien au contraire.
Je suis convaincu que de même la communauté de la monnaie libre pourrait gagner en efficacité face à la MNL en recherchant librement mais collectivement ce que @Natha avait appelé dans son premier post un certain « consensus » sur une valorisation de la Ğ1 (ou du DU), en relation avec les biens et services réels. Ce consensus pourrait être construit sur la base de la baguette ou du café, ou alors sur un truc inspiré du « panier de consommation des ménages » de l’INSEE. Peu importe, c’est à définir collectivement, j’y reviendrai à la fin du post.
D’une part cela resterait un consensus pouvant toujours librement évoluer et librement ne pas être respecté par les acteurs de la communauté. Et d’autre part plutôt que de laisser faire la loi de l’offre et la demande (genre néo-libéralisme !) pour construire ce consensus de manière aléatoire, la communauté gagnerait beaucoup de temps. (oui la plupart des junistes sont aujourd’hui sans aucun repère et font les prix au hasard avec assez peu de chances de converger vers ce consensus espéré rapidement)
J’insiste aussi sur le fait qu’une telle convention ne nuit en rien à la liberté de chacun d’estimer quelle valeur il affecte en Ğ1 à l’achat ou à la vente d’un bien ou d’un service. Je pourrai toujours proposer à la vente mon siège massant à 500Ğ1 ou à 100Ğ1 ou à 1000Ğ1, et si je trouve un acheteur qui souhaite l’acquérir ou qui tente de négocier, la liberté de chacun sera totalement conservée. Je pourrai toujours acheter un fromage plus cher si je le trouve excellent, ou ne pas l’acheter si il ne me semble pas correspondre à ce que j’aime, poussant le marchant à baisser le prix si il veut quand même essayer de le vendre.
Et pour finir, je ne dis pas que cela est simple à faire, ni qu’il serait bon de le faire de manière formelle dans notre système 100% décentralisé. Définir un équivalent du « panier de consommation » de l’INSEE ne me semble pas réaliste et ne ferait pas vraiment de sens dans la ML, du moins pour l’instant. J’imagine plutôt une réflexion progressive au sein de la communauté, des échanges sur les forums, des discussions en marge des Ğmarchés, qui permettraient de faire réfléchir les membres sur l’impact des prix qu’ils affichent. Leur faire comprendre que si ils vendent leur production à des prix élevés en Ğ1, oui ils vont gagner un peu plus de Junes à court terme, mais ils vont à plus long terme influencer la communauté à pratiquer des tarifs élevés et donc à s’enfermer dans un pouvoir d’achat plus faible compte tenu de la masse monétaire moyenne existante qui, elle, est clairement définie dans le système ML (et c’est l’une des forces de la ML par rapport à la MNL). La masse moyenne M/N qui est régulée par la Banque Centrale Nationale en MNL est chez nous définie par les équations de la TRM et c’est tant mieux !
Quelle est pour nous la bonne valorisation de la Ğ1 pour une économie dynamique et en bonne santé, je ne sais pas le définir, peut-être quelques discussions avec des économistes « ouverts » pourraient nous aider dans cette réflexion ? En attendant, je propose surtout de ne pas éluder cette question, d’en parler autour de nous.