Garanties et confiance dans une monnaie

Quand on parle de monnaie, certains en viennent souvent à la confiance que l’on peut avoir dans cette monnaie.

Une monnaie se caractérise par la confiance qu’ont ses utilisateurs dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d’échange. (Monnaie — Wikipédia)

Qu’en est-il des différents monnaies ?

Aujourd’hui, dans la monnaie libre, je pourrais très bien vendre biens et services, mais me retrouver dans la situation où personne ne veut me vendre biens et services en retour. Cette monnaie se retrouvant donc sans utilité pour moi. Je me serais fait floué.

Aujourd’hui dans la monnaie-dette, les banques centrales s’engage à ce que leur monnaie maintienne un certain pouvoir d’achat, et les Etats impose l’utilisation de cette même monnaie.

Des gage de sûreté qui manque à la monnaie libre ?

Et bien non.

L’histoire nous apprend qu’à plusieurs reprises, les banques centrales ou les gouvernements ont décidé de ré-émettre une monnaie, annulant l’autre (Irak, Somali, Suède…). Tout d’un coup, vos unités monétaires ne seront plus reconnu par l’autorité la gérant, et vous avez un laps de temps pour convertir vos actuelles unités monétaires avec la nouvelle. Et cette autorité pourrait très bien répondre : « nous pensons que vous avez acquis ces billets illégalement et que vous tenter du blanchissement de monnaie, nous refusons votre monnaie ». Bref, pas de garanties.

A plusieurs reprises également les banques centrales ont failli à leur mission de maintenir un certain pouvoir d’achat à leur monnaie. Voici un des arguments actuels pour éviter cela :

Est-ce suffisant ? Ce n’est qu’une promesse qui n’engage de ceux qui y croit.

On pourrait alors se tourner vers les monnaies-actifs, les monnaies de trocs, tel que les monnaies métalliques. La monnaie étant directement un actif réels, utilisable autrement que comme outil d’échange. Un gage de sûreté qui manque à la monnaie-dette ?

Et bien non.

Une monnaie de troc a peut être une utilité pour certains, elle n’en a pas pour tous. On obtient la monnaie de troc pour l’échanger. On recherche cette monnaie de troc, en vendant, pour sa liquidité, c’est à dire le fait d’être acceptée par d’autres. Si tout d’un coup ces autres la refusent, cette liquidité disparaît, et chacun se retrouve avec une ressource qui ne lui est pas utile.

Et les premières monnaies n’était pas des monnaies de trocs, mais des promesses de biens. Par exemple, en chine, une certaine quantité de riz servait d’unité de compte (Koku — Wikipédia). Le blé a également été utiliser par des civilisations antiques. Les individus s’échangeaient des promesses de remboursement de blé. Et encore avant les monnaies étaient simplement des créances entre individus. Alice à prêté un outil à Bob, qui doit un repas à Carole, qui viendra aidé aux moissons de David, qui vient régulièrement faire des réparations chez Elsa… Chacun se rappelant des créances des uns et des autres. Mais rien ne garanti que tout le monde va respecter ses créances, et ses créances n’était pas fongible, c’est à dire parfaitement échangeable (Quand Alice promet un repas, on ne s’attend pas à la même chose qu’un repas promis par Bob, encore moins de Carole qui ne risque de ne pas tenir promesse etc…). Cela dépendant donc de la croyance à rembourser.

Ce problème de ne jamais être sûr de trouver vendeur dans la monnaie que l’on possède n’est pas inhérent à la monnaie libre, mais à toute monnaie. Cela peut être corrigé par des promesses.

D’où la notion de confiance :slight_smile:

D’accord/pas d’accord ? J’oublie des choses ? :slightly_smiling_face:

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Quand on me demande comment avoir confiance en cette monnaie, j’indique deux élément qui me paraissent inciter à la confiances.

  1. La toile de confiance, tout les membres se font suffisamment confiance pour échanger en utilisant cette monnaie.
  2. La blockchain, infalsifiable et impossible à pirater.

Aucun système n’est fiable à 100%, mais certains indicateurs peuvent inviter à la confiance.
J’invite aussi à commencer petit, vendre des petites choses puis acheter, la confiance viens avec l’usage…

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Pourtant, il y a pas mal de membres qui n’échangent pas :confused:

Des bugs peuvent être exploités, et la majorité des mainteneurs de nœuds de calculs peuvent changer de protocole à tout moment.

Avoir son propre nœuds permet de choisir son protocole, mais on peut vite se retrouver à être un fork minoritaire. Les autres restant sur la branche majoritaire, soit on n’échange plus, soit on s’aligne sur le nouveau protocole…

C’est arrivé pour le bitcoin, pour l’etherium… Une majorité de mainteneurs de nœuds on choisi d’oublier certaines transactions et de continuer comme si de rien n’était.

C’est un argument qui fonctionne aussi dans l’autre sens : si exploitation de bugs il y a sur la Ğ1, on peut simplement corriger le bug, revenir en arrière, et faire comme si rien n’étais jamais arrivé :slight_smile:

Mais l’avenir de notre épargne monétaire dépend bien du choix des autres, de si ils accepteront ou pas ces unités monétaires.

Non.

Dans le cas d’une Blockchain, le processus de fork permet justement à une « minorité » de continuer à utiliser le protocole qu’elle souhaite, même si la « majorité » décide de changer de protocole. Ou inversement.

Le cas cité de la Blockchain Ethereum a justement conduit à la coexistence de deux réseaux partageant un même historique ancien : Ethereum et Ethereum Classic.

De même avec le grand-père bitcoin et Bitcoin Cash, et d’autres forks de l’ensemble blockchain+protocole Bitcoin.

On peut également forker le protocole seul, mais dans ce cas c’est une nouvelle Blockchain qui est créée, pas un fork de la blockchain.


Utiliser un réseau Blockchain est justement une garantie de pouvoir utiliser ce réseau tant qu’au moins un noeud existe sur ce réseau (et tant qu’il reste d’autres utilisateurices). Même si tous les autres noeuds ont décidé d’un changement de protocole.

On peut même utiliser les unités qu’on possédait avant le fork de la BC « originale » sur les deux nouveaux réseaux « enfants »

De même que dans un logiciel libre, une évolution « majoritaire » du logiciel n’empêche personne de maintenir sa propre version, en désaccord avec la majorité.

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Je précise mon exemple : si ton épicier ne se retrouve plus sur la même branche, et ne reconnaît plus la monnaie de ta branche (en imaginant que tu souhaites et continue d’être rémunéré sur cette branche), soit tu n’échange plus avec lui, soit tu t’alignes sur sa branche…

Tu n’es pas d’accord ?

Je suis bien entendu d’accord avec tout ce que tu écris :slight_smile:

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Si je tiens absolument à payer en tabourets mais que mon épicier n’accepte que les chaises (qui sont des tabourets, mais avec un dossier), alors la transaction ne peut pas se faire, oui, je suis d’accord.

Mais si je trouve un autre épicier qui accepte les tabourets, alors je me fiche pas mal que le premier n’accepte que les chaises.

Ainsi, chacun.e reste libre d’utiliser la valeur intermédiaire d’échange qui lui semble bonne. Nul.le n’est contraint.e de s’aligner sur une quelconque « majorité » tant que des échanges sont faisables dans la monnaie qu’iel a choisie. Fork ou non.

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Si dans mon village il n’y a qu’un seul épicier et qu’il n’accepte que les chaises, je serais obligé de mettre à payer en chaises, car je n’ai pas de véhicule pour aller voir si l’épicier du village voisin accepte les tabourets.
Et si c’est pareil pour marchand de légumes, et le cordonnier, et le droguiste je serais bien obligé de passé au paiement en chaises, mes tabourets ne vaudront plus rien et je ne les accepterais plus (moi aussi) comme moyen de paiement.
Il y aura bien au final un alignement sur cette « majorité ».

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Si, si, si… Oui. On aligne (moi aussi) des hypothèses qui n’ont aucune espèce de lien avec une quelconque réalité. Ce que tu écris est totalement compatible avec ce que j’ai écrit ci-avant : « Nul.le n’est contraint.e de s’aligner sur une quelconque « majorité » tant que des échanges sont faisables dans la monnaie qu’iel a choisie. »

Et si je suis persuadé que le tabouret est la monnaie juste, eh ben je vais m’arranger pour déménager dans le village voisin. De même que certain.e.s veulent aujourd’hui créer un village « monnaie-libriste ».

Mais là tu parles d’un alignement social, qui n’a rien à voir avec la réalité technique d’un fork blockchain. La réalité technique, c’est celle que j’ai dite : les deux blockchains « enfant » peuvent très bien coexister.

L’alignement social peut suivre ou non, ça n’a rien à voir avec la technique. La majorité des noeuds n’est pas nécessairement la majorité des utilisateurices. Et même si une majorité d’utilisateurices + noeuds se dégage, seules des contraintes sociales vont orienter les choix de la minorité restante, et pas des contraintes techniques.

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Pour moi vous avez tout les deux raisons, la pression sociale peut dans beaucoup de situation être tout aussi insurmontable qu’une impossibilité technique :sweat_smile:

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La définition exacte d’une monnaie officielle c’est :

Un dispositif public monétaire qui protège la monnaie avec un ensemble de dispositifs institutionnels et de règles qui rendent la monnaie monolithique et monopolistique en reposant sur 3 piliers :

1 - Un principe d’unicité (Article L111-1 du code monétaire et financier)

2 - Monopoles d’émissions et d’autorisations de la monnaie

3 - Le cours légal (Article R642-3 du code pénal)

Il y a ici un point essentiel à comprendre qui est complètement omis dans les avis, et qui est explicité clairement dans la TRM sous le terme du « problème de la densité ».

En effet quand le centre prétend vouloir « préserver une certain pouvoir d’achat », il le fait en évitant qu’une partie de la population ne se voit dotée d’un surplus monétaire, voire se voit supprimer une part de monnaie (exemple des 5 € supprimés des APL étudiants, laquelle suppression n’a été véritablement comprise par personne à ma connaissance).

Car si on prend le cas théorique simple où les prix suivent la densité monétaire en un lieu et temps donné, contrer des prix qui montent localement peut se faire en réduisant localement la part de monnaie locale disponible.

Et dans ce même cas les prix montent du fait d’une augmentation non-locale de la monnaie, ce qui produit un différentiel de densité. On peut comprendre sur l’exemple de l’immobilier qui monte localement du fait d’un achat massif venant de l’extérieur, mais des prix de nourriture locaux qui ne montent pas, car les vendeurs immobiliers ne restent pas sur place et partent avec le surplus monétaire reçu.

Ce phénomène résulte donc directement de leviers (création monétaire, distribution monétaire), sur lesquels ont sait jouer localement à la hausse ou à la baisse, et qui sous couvert de « garder un même pouvoir d’achat à la monnaie » induit mécaniquement par création-distribution monétaire ciblée, et réduction-taxation pour la non-cible, à une absence d’inflation globale effective, associée à une transfert direct de valeurs économiques des zones non-denses vers les zones denses.

« garder la valeur de la monnaie » n’est donc pas véritablement un principe monétaire fondamental, puisqu’il ignore superbement le principe avec lequel il se rend incohérent qui est de s’assurer que les 4 libertés économiques sont assurées pour chaque individu.

On ne peut pas assurer ces deux points en même temps, suivre le premier violera mécaniquement la cohérence de l’autre.

Sans comprendre ce point on ne peut pas mesurer véritablement ce que signifient les 4 libertés économiques, et donc le fondement même de la TRM (sans lequel la monnaie libre ne saurait aucunement être nécessaire).

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Tout à fait, la promesse de la june c’est d’être une monnaie libre, qui par définition doit être neutre face aux activités humaines, c’est à dire ne pas faire varier la densité de monnaie, ici ou là, pour certains, par des manipulations monétaires et de marchés.

Cette promesse passe par la distribution d’un seul et même DU à chaque individu vivant reconnu.

Promesse garantie par une base de donnée décentralisée, la blockchain, et une toile de confiance également décentralisée :slight_smile:

Cependant cette monnaie libre ne nous promet pas de trouver forcément vendeurs pour nos unités monétaires (c’est le sujet ici). C’est aux individus même de s’organiser, laissant la monnaie respecter sa mission : être neutre face aux activités humaines :slight_smile:

C’est d’autant plus pertinent que les autres systèmes monétaires, qui promettent des vendeurs toujours prêt à accepter nos unités monétaires, reposent justement sur une confiance aveugle.