Stéphane Laborde part du principe de relativité tel que défini par Albert Einstein et qui postule que « les Lois physiques s’expriment de manière identique (ont la même forme) dans tous les référentiels ». Toutefois, j’ai beau lire ce que SL écrit, je ne vois pas qu’il parle de la fameuse formule tiré de la relativité qu’est l’égalité e = mc2. Pourquoi cela ? Lui seul peut répondre à cette question (même si j’ai ma petite idée sur la question). En tous les cas, il me paraît incohérent de dire faire appel à une théorie, tout en faisant l’impasse sur son aspects le plus important, qu’est l’équivalence entre l’énergie et la masse. Je n’ai pas de compétences dans le domaine, mais en suivant la logique, sous couvert de ne pas s’égarer en chemin, on peut tout de même se faire sa propre opinion. Je vais donc tenter de montrer que cet « oubli », invalide en partie sa théorie relative de la monnaie.
Stéphane Laborde écrit "Pour l’économie j’ai étendu ce principe à la notion de monnaie « la monnaie, en tant que code universel qui régit les échanges économiques, doit fonctionner de manière identique dans tous les référentiels » et de valeur « tout individu est libre d’estimer ce qui est valeur et ce qui ne l’est pas ».
Sauf qu’avec la monnaie, si on cherche son équivalent fonctionnel au niveau physique, on ne peut pas parler de la masse pesante, mais uniquement de l’énergie. En tant qu’intermédiaire des échanges, ce rôle est dévolue au niveau physiques aux particules de liaisons atomiques, que sont les photons et les électrons principalement.
Autrement dit, la TRM de Stéphane Laborde ne prend en compte que l’énergie et « oubli » la masse, alors même que c’est cette dernière qui, dans la formule, est liée à la vitesse de la lumière, l’énergie étant libérée par la masse en raison de la vitesse. Que, selon la théorie, les objets massifs ne peuvent dépasser la vitesse de la lumière ou ondes électromagnétiques, parce qu’ils sont limités par elle.
Maintenant, si on transpose la masse au niveau économique, alors, celle ci porte naturellement sur l’immobilier et donc aussi les moyens de productions, qui est alors une masse en action et non au repos. Tout bien immobilier étant la somme de l’énergie dépensée à sa réalisation et fonction de sa vitesse de réalisation, est donc de forme e = mc2. On peut contester cette analogie, mais pas le fait que l’énergie est en relation avec la masse et non seulement avec elle même où tous les observateurs auraient donc la même masse, alors qu’au niveau économique, chaque observateur va donner une valeur selon sa propre masse. Mais si la masse est décorrélée, alors, il y a violation du principe de relativité.
Ici, il faut bien comprendre que l’économie, ce n’est pas seulement de la monnaie en circulation mettant en relation des producteurs honnêtes et ne prélevant donc qu’en fonction de leur apport personnel, c’est à dire, n’impliquant pas leur propriété, mais des producteurs poussés à chercher au contraire à tirer le plus grand profit de leur production lors de l’échange. Or, ce qui est vrai pour l’intérêt pris par le banquier, est aussi vrai pour le profit pris par le propriétaire. Car si ce qu’écris Stéphane Laborde pour la monnaie quand au fait qu’il faut considérer toute la masse monétaire est vrai, c’est aussi vrai pour l’immobilier, puisque celui-ci concentre la partie la plus importante de la masse monétaire.
Symptomatique de cet « oubli », dans le paragraphe sur la densité de la monnaie où il écrit
« Ainsi en France c’est parce que la création monétaire se fait essentiellement en Île de France que l’économie est la plus florissante en apparence, et que les flux de population s’y concentrent. La même création monétaire inversée réalisée à Toulouse pendant une même période de 50 ans produirait sans aucun doute un résultat similaire (toujours au détriment des autres villes). »
factuellement, c’est faux, car la concentration de la population est essentiellement dû à la centralisation administrative du pays, tant publique que privé. On peut donc créer la monnaie à Toulouse, si la concentration administrative de l’Etat et des grandes entreprises n’est pas décentralisée, l’impact sera quasiment invisible, car l’argent crée à Toulouse, ira à Paris.
Stéphane Laborde poursuis son erreur en écrivant
« Le paradigme de la TRM qui elle la définit selon les quatre libertés de modification démocratique du code,accès aux ressources, production et échange, invalide la cohérence de ces axiomes. « Réserve de Valeur »est incohérent avec intermédiaire d’échange. La monnaie ne peut être compatible avec ces deux notions à la fois. Seule une petite période de temps permet de considérer une valeur stable à la monnaie, comme pour tout autre bien ou service économique. Son universalité en tant qu’intermédiaire d’échange dans l’espace etle temps ne peut être assurée vis-à-vis de cette valeur pseudo-stable que via une émission stable.C’est la preuve expérimentale historique qui valide la TRM contre la TQM. Aucune monnaie n’a pu semaintenir alors qu’elle se transformait en réserve de valeur au détriment de sa fonction d’échange »
Si ce qu’il écrit sur la « réserve de valeur » est rigoureusement exact, les deux autres axiomes n’en demeurent pas moins vrais. Il oubli simplement que la réserve de valeur est faites par et pour les propriétaires de l’immobilier, afin de leur permettre de capitaliser les profits réalisés et d’autre part, de réserver l’échange immobilier aux seuls propriétaires déjà en place et imposer aux autres des conditions d’accès difficiles. Conséquence, sans toucher à la propriété immobilière prise sur la collectivité, la création monétaire du DU provoquera mécaniquement de l’hyperinflation, conduisant alors, soit à la fin du DU, soit à la fin de la propriété immobilière prise sur la collectivité. mais les deux sont totalement incompatible, toujours parce que le profit au delà de son propre apport, est égal à un intérêt usuraire et avec les mêmes conséquences sur l’équilibre économique et social.
Plus bas, dans le paragraphe 17.3 sur sa réflexion sur le prêt à intérêt il écrit fort justement
« À minima ce devrait être aussi le cas dans tout système monétaire. Le taux d’intérêt d’un prêt ne sauraitexcéder légalement le taux de croissance de la masse monétaire. Sans cela il est clair que les conditionsne sont pas remplies pour être certain qu’il est possible de rembourser un prêt à taux supérieur, et de telscontrats devraient être déclarés logiquement irrecevables »
Mais, là encore, ce qu’il écrit sur l’intérêt usuraire, vaut également pour le profit abusif, c’est à dire, au delà de son propre apport personnel et qui consiste alors à s’accaparer le travail d’autrui à son profit.
Dans le chapitre 19.2 Stéphane Laborde écrit
« De son côté le créateur qui souhaite une rémunération proportionnelle à son apport se doit d’opter pour unedémarche propriétaire. Les deux approches ne s’opposent pas, elles se complètent, et peuvent tout à faitcohabiter non seulement entre acteurs différents, mais aussi pour un seul et même acteur qui peut choisir defaire un apport libre ou propriétaire selon les cas. On ne saurait « ranger » un citoyen libre et souverain dansaucune « case » où il serait contraint de rester pour prétendre à bénéficier de tel ou tel « guichet » social,ce qui constituerait un frein économique évident, limitant la créativité et la production des individus à desdomaines prédéfinis et par définition non innovants »
Déjà, il y a incompatibilité entre apport personnel et propriété intellectuelle, car cette dernière consiste précisément à décorréler l’apport personnel de la création pour permettre de capitaliser le profit tiré de la vente du produit, non pas sur la base de proportionnalité de son apport personnel, mais sur la base de la maximisation du profit usurier (qui permet à quelqu’un de voir sa richesse multiplié par 100 000 en quelques années). On se retrouve alors avec le même principe que pour la création monétaire dénoncé ici-même, à savoir, que les bénéficiaires de la vente de ces produits sont le créateur s’il a la main mise sur le brevet et les financeurs, puis, les commerciaux chargés d’optimiser les ventes du produit.
Soit il s’agit d’imposer l’équité de l’échange et cela comporte le taux de profit qu’il est possible de tirer, soit on ne touche pas à ce taux de profit et alors, il est impossible de satisfaire les libertés fondamentales définies pour valider la monnaie. Sachant qu’en collectivité, la souveraineté de l’individu ne peut pas excéder lui même sans violer celle d’autrui (principe de réciprocité), or, autant un intérêt usuraire qu’un taux de profit au delà de son apport personnel, donc usurier, consiste précisément à prendre sur autrui pour agrandir son propre champ de liberté et réduire d’autant celui de son voisin
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Sur ces bases, les quatre libertés fondamentales ne sont pas possibles à respecter, même à minima.
Pour la 1ère lliberté, si la TRM permet effectivement une répartition égalitaire de la monnaie crée, elle ne permet pas un usage égalitaire, mais au contraire, maintient l’iniquité de l’usage par la propriété immobilière qu’elle ne touche pas. De fait, il ne s’agit pas tant d’un choix de système, mais plutôt d’un choix portant sur le mode de répartition de la monnaie crée. Car ensuite, on se retrouve avec les mêmes contraintes liées au système actuel et qui sont déterminés non pas par la monnaie, mais par ceux qui détiennent la propriété particulière des moyens de production collectifs, y compris l’habitation. Imposant leur dictature de la même manière.
La seconde liberté, celle de l’accès aux ressources, étant limités, voir interdites, toujours en raison de la propriété et de ses conséquences en termes de capacités de consommations en fonction de ses revenues et ces derniers étant pratiquement totalement corrélés à la propriété, le seul accès aux ressources que le DU permet est alors réduits au minimum de survie, mais que l’inflation peut réduire de telle sorte que le DU ne soit pas suffisant même pour ses besoins fondamentaux. Sauf à imposer des prix de bases ou augmenter d’autant le DU, provoquant une hyper inflation.
La liberté d’estimer et de produire de la valeur, existe déjà dans le système actuel et qu’aucun système peut supprimer. Mais, là encore, il y a un vice dans la TRM, le fait qu’on ne peut pas estimer les produits de nécessités de la même manière que les produits au dessus de la nécessité et qu’au delà d’un seuil, l’estimation n’a plus rien à voir avec la valeur produite (l’art notamment). Quand à « produire de la valeur », là encore, le DU ne change qu’à la marge, car l’inertie liée à la propriété limitera d’autant la capacité de produire de la valeur en dehors. Aura tendance à limiter la production sur les produits pas ou faiblement innovants.
Quant à la liberté d’échanger dans la monnaie, elle est plutôt la condition pour changer de système monétaire.
En conclusion, la TRM peut être vu comme une relativité restreinte, mais pas générale, cette dernière impliquant de manière absolue la propriété immobilière, incluant les moyens de productions collectifs. seule capable d’atteindre les buts visés.
On peut appeler cette théorie de la relativité générale la Théorie Relative de l’Equilibre Economique ou TREE. Le hasard faisant parfois bien les choses, l’acronyme signifie « arbre » en anglais et l’arbre, est un symbole parfait pour signifier l’équilibre d’un système.
Seconde conclusion, le fait de ne pas introduire l’immobilier, alors que l’équivalence entre l’énergie et la masse l’exige, me semble être surtout le fait d’une position idéologique de Stéphane Laborde, parce que seul un positionnement idéologique peut expliquer un tel « oubli » de sa part…