Oyé oyé, bernard Friot & alain Bressy

Bonsoir,

Je débarque pour mon premier commentaire sur le forum car je connais la TRM depuis maintenant 4 ans, ce billet l’attestant, et je suis également un ardent défenseur des thèses du réseau salariat. Ce qui fais de moi un affreux (utilisateur d’une monnaie libre probablement sous peu) aux yeux de certains à priori. J’ai plusieurs questions pour participer au débat.

Stéphane nous dit que les conditions matérielles d’existence de la june n’étaient pas remplies il y a encore peu de temps. N’est-ce pas là une validation du matérialisme historique, c’est à dire que « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. » ?

Stéphane prend l’exemple d’une économie d’où l’on retire les hommes, pour faire la démonstration que c’est l’invariant sur lequel doit reposer une monnaie libre pour une économie libre. Mais ces hommes, s’ils ne transforment pas le monde dans lequel ils sont, meurent. Pas d’économie du tout. Je ne parviens pas à ne pas considérer que toute transformation du monde réalisée par un humain n’est pas du travail. En ce sens, seul le travail crée de la valeur économique. Donc dire qu’il peut y avoir création de valeur sans travail me parait impossible. Je ne parle pas de monnaie, mais de travail. Ce qui n’empêche pas que le travail puisse être reconnu par de la monnaie. Et du coup, la notion de travail étant relative, la lutte de classe est une théorie qui consiste à formaliser la manière dont les humains définissent ce qui est travail ou ne l’est pas. C’est la classe dominante qui organise son pouvoir sur ce qui vaut. Elle peut tout à fait utiliser une monnaie non libre pour le faire, mais le troc peut tout autant l’être. En monnaie libre, il ne peut pas exister de classe dominante (cette affirmation reste à démontrer). Mais actuellement nous en avons une. Si elle se sent déposséder de son pouvoir, elle ne restera pas longtemps sans rien faire concernant la monnaie libre. Donc même si l’on ne pense pas la lutte de classe pertinente, je crains qu’elle ne se rappelle à nous. A combien d’utilisateurs de la june estimez-vous qu’une réaction violente des capitalistes est probable ?

Ne voyez-vous pas le lien commun qui cherche dans les deux approches à postuler que les humains produisent de la valeur, et à les rendre souverain dessus ? Dans la monnaie libre, cette reconnaissance se fait par coproduction de la monnaie. Dans la monnaie non libre, par un salaire reconnaissant la production de valeur.

La toile de confiance n’est elle pas l’expression d’une conscience de classe ?

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