bonjour,
je me permet d’apporter mon point de vue (sourcé depuis au moins 10 ans à suivre ce projet de monnaie libre) ici, parce que cette conversation est bien en rapport avec le « problème » apparu dans une autre concernant les monnaies locales (en belgique/wallonie) …
je me permettrai de rappeler que la TRM et la monnaie libre G1 n’ont pas été conçues dans le but de solutionner tous les problèmes d’inéquité et d’éthique du monde, ou de construire un système économique séparé, mais uniquement de résoudre le problème de la création monétaire et de sa répartition comme fluide de transmission des rouages économiques la société.
Vouloir y appliquer en plus des notions « d’alternative » ou de non spéculation n’a pas de sens, et est même contre productif.
Il est important de comprendre également que justement l’échange de junes en MNL est un des axes d’action qui permet à cette libération de s’étendre au-delà des seuls utilisateurs directs de la june.
Lorsqu’on échange une unité non libre contre une libre, on n’enferme pas l’unité libre, on libère l’unité non libre ! En effet, les junes continuent à se produire de la même manière, et dans l’opération, l’unité non libre a été transférée à quelqu’un qui a produit l’unité libre. On réparti donc les unités non libres sur base d’une production monétaire libre. On détourne cette unité non libre du système d’origine, de la dette, etc…
Par la même occasion on permet à cette personne produisant de l’unité libre de participer avec sa création monétaire au système économique général, de vivre, payer impôts, loyers, frais divers à partir de sa création monétaire libre, donc de se libérer pratiquement du système productiviste en MNL.
Le système de minage a été pensé intelligemment et est totalement différent dans son fonctionnement effectif des autres cryptos de part l’addition de la toile de confiance, qui permet de ne pas rentrer dans la course à la puissance machine (proof of work) ou la pyramide de capital (proof of stake - à l’étude pour rendre Ethereum plus efficient)
Il n’y a donc pas du tout le même problème qu’avec ces autres crypto anarcho-capitalistes libertariennes qui favorisent les premiers entrants et les riches en MNL dans la spéculation.
Il n’y a pas non plus de risque de mise à bas de la chaine de block par un groupe plus puissant que les autres…
Un taux de change ‹ relativement standardisé › ne menace donc en rien la dynamique d’autonomie de la G1, parce que la monnaie libre reste utile directement comme moyen de payement, à l’inverse du Bitcoin ou même de l’Ethereum, qui ne peuvent être utilisés que sur des payement « conséquents » du fait de la limitation technique du rythme de transaction et de leur coût énergétique.
On ne sait pas acheter une couque (!fight! ) au chocolat (y a pas d’emoji pour ça ni pour les couques suisses tiens ;p … encore du colonialisme culturel américain) avec du BTC, avec de la june on peut (si quelqu’un en vend) et ce n’est pas directement dépendant du fait que certain en échangent contre des MNL …
sauf pê que justement, le/la boulange·è·r·e sera content·e et motivé·e à utiliser la june si iel sait qu’ensuite la farine peut être achetée avec cette rentrée, convertie en MNL, qui sinon restera difficile à échanger directement… ou que son électricité, loyer, taxe communale, autre pourra aussi être réglée de la sorte.
Sans cette convertibilité théorique et pratique, la monnaie libre est juste un SEL un peu geek, et ne peut en aucun cas générer un véritable ressort économique. (SEL = système d’échange local limité de biens et services fondé sur une monnaie-crédit - et qui reste local parce qu’on ne peut même pas payer de transport avec )
Quand à la question de la « fonte » de la valeur de l’unité libre, il faut juste se rappeler (comme le démontre Stéphane Laborde sur son site) que les MNL ont une fâcheuse tendance à déprécier continuellement de part l’émission continue de monnaie, à un taux étrangement similaire (mais pas pour les mm raisons) à la june, sauf que les bénéficiaires de cette création monétaires sont une élite privée et des institutions (non démocratiques) et non pas les citoyen·nes.
La june ne « fonds » donc pas proportionnellement aux MNL, et est ainsi finalement un placement efficace si on cherche à investir dans l’humain et l’économie réelle. (probablement plus efficace qu’un compte épargne à taux négatif en euro)
Une « spéculation » sur la june serait donc même plutôt positive, donnant plus de valeur à cette monnaie libre, et donc de pouvoir d’achat réel aux membres de la toile.
Ce pourquoi je proposai dans cet autre fil tourné en eau de boudin que des communes « investissent » en promettant d’acheter de la june avec certaines limitations, pour que cette monnaie libre puisse fonctionner comme une monnaie locale, mais avec tous les avantages de la monnaie libre et pas les désavantages des monnaies locales classiques « directement adossées à l’euro » : dans ces monnaies locales « classiques » il n’y a pas plus de monnaie locale que d’euro échangé à la banque locale, avec la monnaie libre seule un portion de cette monnaie s’échange en euro, mais continue à exister et à se produire localement, permettant d’intégrer dans le circuit tout citoyen·ne quel que soit sa dotation initiale en euro, et de continuer à fonctionner sans chaque fois devoir se convertir.
Le fait de garantir un taux de change suffisamment intéressant tout en le cadrant par des institutions démocratiques (le conseil communal est censé en être un) donne confiance en cette monnaie, et tempère la spéculation négative. (mais rien n’empêche p.ex. la création d’un comptoir de change privé en plus… )
Une spéculation positive (montée de valeur de la june par rapport à l’euro) ne peut être que positive pour les membres de la toile qui produisent la monnaie, encore une fois.
Si vous voulez jouer aux ascètes ou autres bonzes de la june, libre à vous, en respectant les autres : il est permis de tenter de vivre totalement en dehors du système… mais celui ci est largement dominant et la june n’est en aucun cas actuellement ni une menace ni un avantage suffisant que pour entraîner une majorité hors de lui.
C’est un outil parmi beaucoup d’autres (qui sont aussi pratiques et sociaux) permettant de poser des pas…
Et celleux qui jouent aux bonzes feraient bien de comprendre qu’iels « font peur » aux gens qui cherchent juste un outil et pas de l’idéologie (qui n’est pas incluse dans la TRM) et n’aident pas à étendre la toile.