Plusieurs objections, qui seront probablement corrigées si je faisais erreur.
La première étant que je doute de la puissance du J.E.U. en tant qu’intermédiaire d’échanges. Il semblerait qu’on soit loin du fluidifiant que sont les monnaies conventionnelles. Ce n’est pas un problème en soi, mais si notre ambition est de reproduire les capacités techniques de notre civilisation complexe sans les défauts (comme par exemple produire des livres à grande échelle et à bas coûts ou des cathédrales etc.), cela ne paraît pas réalisable avec le J.E.U. . Et si l’ambition est moindre, comme par exemple vivre en micro-communautés, là c’est l’existence de toute forme d’intermédiaire d’échanges qui devient obsolète… Le J.E.U. me donne l’impression d’être assis entre deux chaises, mais peut-être fais-je erreur encore une fois.
Ensuite il est à priori possible d’être en permanence endetté ou fais-je erreur là aussi ?
En revanche je m’inscris en faux sur ce qui vient sur le plan économique :
Sur le plan de la physique relativiste, c’est faux mais là je suis pointilleux pour la blague. Plus sérieusement, est-ce que la minute de travail du meilleur tailleur de pierre au monde vaut celle du tailleur de pierre débutant ? Certainement pas… Le seul invariant à une économie est l’être humain : pas d’être humain, pas d’économie. C’est pour cela qu’il est infiniment judicieux de baser la création monétaire sur ce dernier bien qu’il ne soit pas un objet purement mathématique. Mais là est aussi la bonne leçon car il faut aussi à un moment recadrer les sciences et les remettre sous l’autorité qui aurait toujours dû être la leur : la philosophie.
Point plus agaçant à mon sens et qui m’est venu au fil de mes échanges avec des adeptes des systèmes d’échange alternatifs, mais c’est peut-être subjectif je veux bien le croire. Il semblerait en effet que ces personnes aient intuitivement repoussé toute forme de monnaie car les croyant toutes intrinsèquement mauvaises. Je trouve qu’il est dangereux de rejeter les monnaies sans être en capacité de saisir une bonne partie de leurs fonctionnements et de leurs dévoiements, car on ne corrige pas le problème de l’asservissement de manière fondamentale.
Comme j’aime à le répéter, parler de monnaie libre permet, il me semble, de brosser les problèmes de la monnaie en général de manière beaucoup plus complète et bien moins simpliste que la simple recherche d’une alternative d’échanges. Et comme notre asservissement est in fine lié au contrôle de l’information, dommage de se passer du débat de la création monétaire qui est pourtant bien fondamentale.
Parlons enfin un peu de la vérité du terrain et de l’expérimentation : le J.E.U. existe donc depuis 24 ans, il serait intéressant d’en avoir un bilan le plus objectif qui soit et sur différents plans. En ce qui me concerne la monnaie libre et ses cinq ans de vie me paraît bénéficier d’un meilleur départ et surtout ouvrir une voie bien meilleure quant à une réelle alternative monétaire.
Il serait intéressant de comparer ce qui est comparable, comme par exemple le nombre d’utilisateurs du J.E.U. quand celui-ci a soufflé sa cinquième bougie, le nombre d’échanges effectués, voire la « qualité » de ceux-ci bien que comme tout juniste le sache, il s’agit là d’une idée toute relative. Mais pour le sport : y a-t-il déjà eu des voitures ou moto d’occasion vendues via ce système ? De la location d’habitations ?
L’expérience nous dira peut-être lequel de ces systèmes est in fine le plus adapté à une société humaine saine et sereine, pour moi l’essentiel est aujourd’hui ailleurs et la reprise de la souveraineté qui est ici notre point commun doit en effet être réelle et notre quête finale