Pour information, Diane-Laure Arjaliès, assistante professeure à l’Ivey Business School at Western University à London (Ontario, Canada), a publié un papier (en anglais) très intéressant sur les utopies monétaires (en l’occurrence le Sol Violette (monnaie locale complémentaire à Toulouse), le Bitcoin, la Ǧ1 et l’Impak Coin (au Canada).
Elle a interviewé plusieurs membres actifs de la Ǧ1 (dont moi) pour la partie monnaie libre pour construire tout ça. En tout cas les discussions avec elle étaient très intéressantes et enrichissantes !
Il y a quelques imprécisions ou oublis, cependant. Pour commencer, le papier oublie de préciser que, dans le système de la monnaie-dette, le problème de l’intérêt non créé mais remboursé, induit l’obligation de croissance.
Ensuite, on peut se demander si tout a bien été compris en lisant cela sur Bitcoin (début de page 21) :
Il ne s’agit pas de compréhension, mais bien de puissance de calcul. Ceux qui décident sont les plus riches. Point. Qu’ils aient compris en détail le système ou non. Pour ma part, j’ai un avis sur la manière dont la gouvernance de Bitcoin devrait être. Puis-je l’exercer ? Non car c’est un suffrage censitaire qui m’exclut de facto. Il y a bien une petite phrase entre parenthèses un peu plus loin qui dit tout… mais entre parenthèses.
Ensuite, en notant bien que Bitcoin ne résout pas le problème d’accumulation de capital (et pour cause !), on peut se demander si l’auteur a bien compris que la soit-disant « réserve de valeur » est tout simplement incompatible avec le moyen d’échange.
Quant à l’argument que Bitcoin « a besoin d’autres devises pour avoir de la valeur », ce n’est pas plus vrai que pour la Ğ1 ou n’importe quoi d’autre. C’est une incompréhension de la relativité des valeurs. Par ailleurs, quiconque peut se procurer des bitcoins ou des Sols en vendant un objet ou un service, pas besoin d’euros ou de dollars pour cela. Tout comme, en plus de pouvoir produire des Ğ1, n’importe qui peut se procurer des Ğ1 en vendant quelque chose contre des Ğ1. C’est une non-différence. Il n’y a qu’éventuellement des systèmes 100% électroniques comme le WIR ou bien Impak Coin où il faut avoir un compte validé pour utiliser la monnaie qui peuvent empêcher quelqu’un en particulier d’utiliser la monnaie.
Il me semble aussi qu’il y a une erreur majeure de date sur la TRM page 23 et 24.
En fin de page 23, on pourrait croire que le DU dépend de l’âge, la phrase est ambigüe :
En début de page 24, elle exprime l’idée que le DU pourrait être un revenu de subsistance… ce qui n’est pas du tout le cas et peut embrouiller le lecteur.
Il y a une petite erreur dans la croissance de la masse monétaire, estimée à 9,22% par l’article alors qu’elle est en réalité de 4,88% par semestre soit 9,95% par an.
Mais à part ça, effectivement la partie sur la Ğ1 est bien, j’ai bien apprécié la mise en évidence que « toutes les crypto-monnaies ne se ressemblent pas » de par la manière d’envisager la création monétaire en leur sein.
J’envoie un petit mail à l’auteur en parallèle de ce message.