Monnaie libre et dérive sectaire : une mort de la Ğ1 inévitable?

Tout d’abord, Elois, je suis extrêmement honoré que ce soit pour répondre à mon « post » que tu décides de sortir de ta retraite, puisque, comme nous le signale gentiment le « système » :
« Cela faisait un moment que nous n’avions pas vu Elois. Son dernier message remonte à il y a 2 ans. »

Te répondre est compliqué, parce que : 1) je suis d’accord avec toi, et 2) je suis profondément attaché à la liberté, et extrêmement hostile à toute forme de coercition.
Qu’il me soit donc permis de poser ici le cheminement d’une réflexion sur le sujet du « contrôle » d’une éventuelle dérive de la June vers une espèce de contingent de petites sectes locales, voire régionales, c’est-à-dire sa mort de facto.

Effectivement, tu as raison sur un point : nous ne pouvons pas « filtrer » tout ce qui se passe dans la Ğ1, et c’est peut-être pour cela que certaines dérives peuvent s’y installer.
Mais il est aussi évident qu’une liberté sans aucune régulation peut mener à l’absurdité (et « Ceux qui vous font croire en des absurdités vous feront commettre des atrocités » - Voltaire) et permettre à certains de profiter de la crédulité des autres.
Peut-être que la décentralisation n’est pas incompatible avec un minimum de garde-fous, même s’ils ne sont pas au cœur du protocole. Je ne suggère pas une surveillance totale, mais simplement que la communauté réfléchisse à ses valeurs et à ce qu’elle veut réellement promouvoir.
Ce n’est pas une attaque contre la Ğ1, c’est une réflexion plus large sur ce que nous voulons faire de cette monnaie.
Et qu’il me soit permis une apostrophe : S’il est pratiquement impossible de « réguler » quoi que ce soit au sein même de la monnaie libre, et étant moi-même plutôt libéral, cela aurait tendance à me satisfaire, mais peut-être pourrions-nous au moins réguler Gchange, qui est d’une certaine façon la vitrine de la Ğ1.
Je t’assure que quand on fait découvrir la Ğ1 à des gens qui ne la connaissent pas, qu’on leur montre Gchange et qu’ils tombent sur Christophe Étsaman qui leur propose de leur « reprogrammer leur ADN à DISTANCE par téléphone » grâce à un processus de « transmutations énergétiques », ça fait très, très, très mauvaise impression.
Ne pourrait-on pas leur réserver un petit coin rien qu’à eux, à l’écart, où ils pourraient joyeusement s’aboucher et s’ébaudir les uns les autres de leurs tartuferies les plus farfelues et se vautrer dans leurs pseudo-sciences ?

Que pourrions-nous faire alors ?

C’est précisément là que la notion de décentralisation devient délicate. La régulation d’une monnaie libre comme la Ğ1, tout en respectant les principes de liberté et d’autonomie de ses membres, semble en effet difficile à concilier. Une régulation « centrée » serait incompatible avec l’idée même de décentralisation, mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir des mécanismes d’auto-régulation ou des discussions communautaires pour encadrer certaines pratiques.

Voici quelques pistes qu’on pourrait envisager :

  1. Mécanismes d’auto-régulation communautaire : Plutôt que de mettre en place un filtre strict imposé par une autorité, la régulation pourrait passer par une forme d’auto-régulation au sein de la communauté. Par exemple, si des pratiques douteuses sont signalées par des membres (et non par une « autorité »), un débat collectif pourrait avoir lieu pour définir des lignes directrices ou des codes de conduite. Si la communauté se montre contre certaines pratiques, elles pourraient se retrouver exclues de la plateforme ou des échanges.
  2. Transparence et traçabilité : Puisque la Ğ1 repose sur la blockchain, chaque transaction, chaque échange, et même chaque profil est accessible publiquement. Si une communauté voit que certains échanges ou pratiques deviennent trop douteux, ils peuvent être mis en lumière par les membres, et la transparence agirait comme un mécanisme de contrôle indirect. Cela pourrait suffire à dissuader certaines dérives, tout en préservant la liberté d’agir.
  3. Système de « réputation » décentralisée : Des membres ou des groupes pourraient se doter d’un système de notation ou de réputation, basé sur des critères partagés (par exemple, la clarté des intentions des services proposés, la transparence des pratiques, etc.). Ceux qui ne respectent pas certaines valeurs communes pourraient voir leur réputation chuter, ce qui aurait un impact sur leur capacité à échanger dans la communauté.

Mais cela reste un terrain glissant. Il faudrait éviter que tout ça devienne un tribunal où certains jugent ce qui est « acceptable » ou « non acceptable », ce qui va à l’encontre du principe de la liberté individuelle. L’idéal serait de trouver un équilibre où les membres restent libres de leurs choix, tout en ayant la possibilité de rejeter des pratiques nuisibles pour le collectif.

C’est donc une vraie question philosophique autant que technique, et c’est ce qui rend ce genre de débat tellement intéressant.

MAIS !!
Des mécanismes d’auto-régulation communautaire seraient l’outil idéal pour les zinzins de se débarrasser des esprits critiques !
Rappelons qu’ils sont globalement majoritaires, et même aux rares endroits où ce n’est pas le cas, les gens « neutres » se montrent plutôt tolérants et même bienveillants à leur égard.
Et ça, c’est un point que j’avais un peu sous-estimé dans ma première réflexion :

Un système d’auto-régulation communautaire pourrait effectivement être manipulé par les « zinzins » pour écarter les esprits critiques, surtout si ceux-ci représentent une minorité.
Dans un environnement où la majorité a des croyances partagées, un tel mécanisme risquerait fort de devenir un outil pour réduire au silence ceux qui osent remettre en question les pratiques douteuses.

D’ailleurs, l’argument de la « bienveillance » dont je parle est très pertinent :
La neutralité ou la bienveillance affichée par certains membres peut en fait masquer un certain conformisme, où les voix dissidentes sont souvent perçues comme un « problème » à résoudre.
Ceux qui dénoncent des pratiques suspectes peuvent être accusés de manquer de bienveillance ou de ne pas respecter les « choix individuels » des autres.
Je l’ai déjà dit : nous en avons un exemple magnifique et EXTRÊMEMENT connu…

C’est une dynamique assez classique dans les communautés qui valorisent la liberté absolue et l’absence de régulation formelle :
Ceux qui sont en désaccord peuvent vite se retrouver isolés, ou même être perçus comme des ennemis du « progrès collectif ».
Et, comme je l’ai souligné, la majorité des membres, même si elle n’est pas totalement d’accord avec certaines pratiques, peut choisir de rester silencieuse par pure bienveillance, voire par peur de se confronter à des opinions établies.
Sans compter que les « zinzins » sont en général beaucoup plus pugnaces et agressifs que les gens du commun. Ils n’ont souvent aucune limite, n’hésitent pas à user de moyens extrêmement immoraux pour arriver à leurs fins, calomnies, mensonges, diffamations, ragots, allégations… @RomainKornig ci-dessous en sait quelque chose, il y participe (a participé) bien souvent !

Il est donc crucial de réfléchir à la manière dont on pourrait éviter cela dans un tel système, mais aussi à la possibilité de soutenir et d’encourager la diversité des opinions sans laisser ces voix critiques se retrouver marginalisées.
Si on veut réellement préserver une forme d’intégrité et d’équilibre, il faudra probablement trouver un compromis entre liberté d’expression et respect des principes fondamentaux de la monnaie libre, tout en protégeant ceux qui sont réellement en quête de vérité et de pragmatisme.

Alors, comment vois-tu les choses dans ce cas ?
Tu penses qu’il y aurait une autre approche possible pour éviter ce genre de dérive tout en maintenant une liberté relative ?
Ou bien la monnaie libre est-elle concrètement condamnée à mourir aux mains de ces gens ?

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