Bonjour à tous, j’ai une réflexion à soumettre à ceux qui ont envie d’autre chose que de seulement approfondir et/ou pratiquer la June:
Quand on a l’élan d’inventer une monnaie, elle émerge en tant que « complémentaire » - j’englobe ici rivale, concurrente, adversaire, n’importe, ce n’est pas la question: en tout cas elle vient s’opposer et corriger le fonctionnement de la monnaie existante ( = monnaie bancaire financière, aujourd’hui), elle entend l’équilibrer ou la remplacer; mais cette dualité « yin-yang » en matière de monnaie demanderait, face à la monnaie bancaire financière, le don absolu, la confiance totale en matière de don: rien de moins! rien de moins extrême!
et ce n’est pas étonnant, car « notre » système" mondial de monnaie EST extrême (voir plus bas: création d’abondance/de rareté: elle fait en sorte de fonctionner de manière en tout point totale et totalitaire).
Il me semble évident, donc, qu’aucune initiative telle que celles qu’on trouve aujourd’hui ne peut faire fonctionner un équilibre « yin-yang » dans le domaine des échanges.
Au moyen-âge européen, voir feu notre cher Bernard Lietaer, deux sortes de monnaies existaient parallèlement qui créaient cet équilibre yin- yang: les monnaies précieuses (de trésor royal, pour les rançons et les échanges commerciaux de grande envergure entre entités princières etc…) et la monnaie courante, de peu de valeur et constamment réévaluée, pour les échanges locaux et quotidiens.
Inversement à ce tandem « entre extrêmes » qui devrait et pourrait seul fonctionner aujourd’hui, c’est donc un nouveau tandem de monnaies qui serait vraiment utile: mais là tout le monde abandonne: on ne va pas en plus inventer deux types de monnaies, c’est déjà assez difficile d’en faire fonctionner un autre type, parallèlement à l’euro (et autres monnaies bancaires bien sûr)!!
Voilà pour moi justement l’erreur.
Si on ne veut pas être tout simplement logique à partir du réel actuel et développer la gratuité absolue (à ne pas confondre avec « l’économie de don » traditionnelle), bref faire le pari de l’amour inconditionnel, ce qui implique une foi extraordinaire (en quoi, c’est un autre chapitre) ou, selon les gens, un gros travail sur soi et sur les relations entre soi et Soi, intérieur et extérieur, sur le rapport entre personnel et universel, sur les facettes diverses et contradictoires du collectif etc etc, comme seule « « monnaie » » complémentaire possible à ce qu’on a à vivre aujourd’hui en termes de réalité monétaire, il faut mettre en place un autre tandem:
le type « G1 » est excellent comme monnaie pour tout ce qui est immatériel, mais ne sert strictement à rien, ou plutôt, est même totalement contreproductif sur le plan de ce qui est matériel.
En effet, étant une monnaie d’abondance (= elle ne joue pas sur la difficulté à être obtenue, sur les efforts à faire pour l’obtenir, on l’a « de droit », a priori), elle n’a pas la fonction secondaire « correctrice » du désir (de faire, d’avoir, de construire, de se sentir en sécurité etc - je ne développe pas ici l’aspect psychologique) qu’ont, par effet secondaire, les monnaies basées sur la rareté.
La monnaie officielle que nous avons aujourd’hui est assez sophistiquée pour créer de l’abondance ET de la rareté, et c’est peut-être même grâce à ce phénomène (création de rareté => frein et création de richesse => accélérateur) qu’on arrive à fonctionner avec une seule monnaie, mais avec toutes sortes d’inconvénients aujourd’hui patents qui nous mènent, selon l’expression consacrée, « dans le mur ».
Donc, une idée qui m’est venue il y a qqes temps est un tandem de monnaies dont l’une serait très volontiers la G1 ou qqch du même genre (avec DU) et où l’autre ferait en sorte - comme c’est l’idée par exemple du crocus je pense, merci Hélène Nivoix- de mettre la monétarité au service de la terre et de sa régénérescence, càd de faire entrer le désir de « plus » dans la logique de création d’une terre toujours plus fertile.
Je m’étais vu répondre, sur cette idée de deux monnaies séparées (bien sûr non convertibles entre elles!!!) qu’on ne peut pas séparer les échanges matériels et immatériels, que les deux éléments sont toujours confondus.
Mais je ne suis finalement pas du tout d’accord avec cette réponse: ces deux éléments sont presque toujours mêlés, concomitants, certes, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas les distinguer, bien au contraire. Et c’est justement un exercice hyper intéressant, il me semble, de discerner ce qui est matériel et ce qui est immatériel dans une « transaction », et de mettre donc en oeuvre à la fois deux monnaies totalement différentes pour l’une et l’autre parties de chaque échange.
En effet, une monnaie d’abondance est tout à fait à proscrire pour tout ce qui est éléments matériels, dans un premier temps en tout cas - combien de temps, c’est impossible à dire - où les gens sont encore dans de vieilles habitudes de rareté et ont avant tout envie de « faire », de « lancer des projets », de « vendre un produit », évidemment! car on ne peut pas faire abstraction de la « planète limitée » sous prétexte qu’on trouve un système monétaire enfin non-capitaliste!
Si les échanges matériels sont favorisés par la G1, tout le problème posé par la consommation, la production, l’activité économique, le commerce, demeure et devient même, potentiellement, encore nettement plus grave, même si on peut dire aussi que, psychologiquement, la G1 provoque une détente, une baisse du stress et de la tension qu’entretient nécessairement l’économie de type capitaliste et matérialiste.
Je crains que cette détente ne soit possible que chez ceux qui la cherchent depuis longtemps justement, qui ne sont pas dans l’addiction au stress et à la tension du désir.
Merci pour tout retour: critiques, objections, questions, suggestions, propositions…
Eina, à Lyon