Voir aussi la biographie de Sam Williams :
- Richard Stallman et la révolution du logiciel libre (Framabook)
- Libre comme Liberté (WikiSource)
Sinon ce qui est marrant aussi c’est de décrire ta situation actuelle à un LLM (genre DeepSeek) et de lui demander ce que Richard Stallman ferait à ta place. Poilades nécessairement garanties. De façon contingente, de bons conseils peuvent être énoncés.
Putain, on croirait entendre O’Neill dans le s07e01 de Stargate SG-1.
lol, le mec qui prononce « GNU » « G.N.U. » au lieu de « knou »
Bon, tout ça reste très américain : faire du half-ass communism en s’en défendant (m’enfin le t-shirt rouge trahit un peu le crypto-communisme), tout en prétendant défendre des valeurs franc-maçonniques comme la « liberté ».
Je pense qu’il dit une bêtise ici. Je ne suis pas sûr de ce qu’il en est en Finlande, mais en France le droit d’auteur est un droit par défaut (ama c’est la même chose dans tout les pays adhérents de l’OMC) ; la licence, comme son nom l’indique, donne des licences, qui ne sont pas données par défaut par les règles de propriété intellectuelle de l’OMC (licence : 1] d’utiliser, 2] d’étudier 3] de copier/distribuer/vendre, 4] de modifier).
Ouais, c’est la même histoire depuis 250 ans : le mode de production capitaliste fait des planchettes japonaises à toute forme de contestation non-radicale. Autrement dit : « La gauche est le laboratoire de recherche du Capital. », comme le formulerait Francis Cousin.
Oh un cousiniste, ça fait plaisir ! Je l’apprécie beaucoup mais lui reproche de ne faire que des constats, et c’est un sujet de discorde régulier avec ma compagne qui l’adore. Qu’en penses-tu de ton côté puisque tu as l’air juniste ? D’après ma chérie, même la monnaie libre est un fétichisme etc., etc.
Personnellement je pense faire preuve de pragmatisme en tentant de développer la monnaie libre qui, me semble-t-il, rabat toutes les cartes et peut échapper à l’analyse marxienne, voire même aller dans son sens
Bah, de ce que tu me dis, je pense un peu comme ta compagne, et un peu comme toi.
D’un côté j’adhère à l’analyse de Cousin que la monnaie est un processus historique qui dépend du mode de production et de ses contradictions, de la révolution néolithique aux révolutions industrielle et française, donc qu’elle ne peut être autre chose que ce qu’elle est, qu’il y a un côté parfaitement nécessaire et hégélien à tout ça.
D’ailleurs, la citation de Thomas Paine dans l’introduction de la TRM nous invite, je crois, à nous demander pourquoi les choses sont telles qu’elles sont et pas autrement. Pourquoi les utopies (choses très françaises) ne s’actualisent pas.
Je suis d’accord avec Cousin quand il dit qu’il ne peut pas y avoir de bonne monnaie, car la monnaie suppose l’échange marchand, et que l’échange marchand c’est de la merde par essence, puisque c’est le chantage de son temps×puissance (énergie, donc), la prise d’otage, la rançon de soi-même (je reformule et j’interprète à ma sauce, hein). Quand on est dans l’échange, on est aux antipodes du communisme (« de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ») et du message de Jésus.
En même temps, étant une grosse feignasse, et quoiqu’ayant une grande inculture mangakesque, j’ai toujours en tête cette phrase de FMA : « Ce n’est pas un échange équivalent. », donc j’ai toujours dans un coin de ma tête la question de la motivation qu’on peut ne pas avoir à bosser, même arrivé à un état civilisationnel où la productivité du travail (et le niveau de confort qui en résulte) a atteint des niveaux inédits, jamais vus.
En octobre 2021 j’ai rencontré en festival une britannique qui disait qu’elle pensait que la ML était une étape intéressante vers une société sans monnaie, concept que je trouvais absurde à l’époque, mais qu’aujourd’hui, fort (lol) de dizaines d’heures d’auto-lavage-de-cerveau (cerveau maintenant très propre, haha) par la radio GDC, je trouve totalement évident. Et d’ailleurs, je trouve l’inverse (société avec monnaie) assez absurde.
M’enfin en attendant la révolution communiste mondiale (censée naître en France, en théorie), j’accepte d’utiliser la ML, en ce qui me concerne non de façon pragmatique (la ML ne sert pas mon but long terme), mais de façon opportuniste (elle me sert de façon court-termiste). Et puis, à cheval entre les deux, je trouve que la ML a un côté subversif, en ce qu’elle invite à se poser la question de ce qu’est l’argent (le fétiche, la forme-argent-du-Capital), donc ce qu’est le Capital, donc ce que sont l’accumulation primitive et l’extorsion de la survaleur, etc…
Merci pour ta réponse argumentée.
Pas mal de junistes sont dans ce cas-là, de manière intuitive et sont incapables de l’argumenter.
Toujours le cas pour moi aujourd’hui ! Mais ce que j’aimerais surtout savoir de la part de Cousin et des cousinistes c’est comment un monde sans monnaie peut fonctionner et si oui quelles sont les conditions qu’il faut pour y arriver. A mon sens et à ce jour ça ne peut se faire que par du transhumanisme, soit la négation de l’humain ce qui est assez ironique…
Absolument d’accord avec toi à ce sujet !
Ca ne me choque pas, bien au contraire
Je comprends que par « un monde » tu veux dire « une société humaine ».
Déjà on peut constater que les sociétés sans monnaie représentent la quasi totalité de l’espèce humaine. On peut estimer une part différente, de 66,667% à 99,995%, suivant ce qu’on considère comme le début de l’espèce humaine et la fin du Paléolithique :
- 99,995% c’est si tu prends d’Australopithecus anamensis (-6M d’années) jusqu’à il y a 200 ans (en réalité on pourrait prendre jusqu’à 2025, car il y existe toujours sur Terre quelques tribus non contactées qui vivent encore au Paléolithique)
- 66,667% c’est si tu prends l’être humain moderne (il y a ~30k années) jusqu’à l’apparition de l’agriculture (il y a ~10k années).
Dans les deux cas, ça reste la majorité de l’espèce humaine et donc, supposant vraie la théorie de l’évolution, on peut douter que l’esprit humain soit bien adapté à l’échange marchand et à son outil le plus pratique, la monnaie. C’est ce qu’explique Cousin quand il dit que l’être humain cherche sans arrêt à retrouver l’ambiance (je reformule) des communautés originelles, que ce soit en allant à des concerts pour retrouver un certain sens de la fraternité (voire en allant à la guerre ; la fraternité est un selling point des agences de com’ de l’armée) ou en regardant le Téléthon ou des vidéos Youtube de mecs qui donnent de la monnaie à des SDF.
Et donc, de toutes évidences, ces sociétés pouvaient fonctionner puisque, de fait, elles fonctionnaient, en tous cas fonctionnaient suffisamment bien pour avoir produit une descendance suffisante pour survivre sur 4M d’années. Il n’est pas évident que des sociétés néolithiques comme la nôtre puissent en dire autant. Rendez-vous en l’an de grâce 3 995 025 pour en juger j’ai envie de dire
les « déjà-là » communistes
Une fois qu’on a dit ça, on pourrait aussi s’amuser à lister tous les « déjà-là » communistes (pour reprendre les termes de Friot) qui fonctionnent sans échange marchand :
- la horde (bon, ça c’est pour les sociétés paléolithiques, et il n’y en a presque plus)
- les communautés autogérées, écolieux, ou “intentional communities”, qui sont peut-être, consciemment ou inconsciemment, une recherche de revenir à la horde, à la tribu
- l’entraide entre voisins
- les services rendus entre amis (on ne compte pas qui doit un déménagement à qui, il me semble)
- la famille, qui est une unité de production sans échange (encore qu’on peut voir le couple comme l’institutionnalisation de la prostitution)
- le rapport intergénérationnel (ta mère te torche quand tu es jeune, tu la torches quand elle est vieille)
- la retraite par répartition et les allocations familiales, qui sont une socialisation nationale du rapport intergénérationnel (dont l’implémentation est critiquée par certains)
- l’assurance maladie
- l’assurance chômage
- l’aumône
- le bénévolat (notamment des retraités, mais pas que), que ce soit le Secours Catholique, les Restos du Cœur, le logiciel libre ou encore le contenu produit pour être donné (qu’on le donne sur Wikipédia ou sur Youtube)
- les minimas sociaux (RSA, ASS, minimum vieillesse…)
- l’AAH, les places handicapés, les accès PMR…
- tous les transferts au niveau national, comme le mentionne Lordon dans Figures du communisme : nos impôts ne servent pas à financer les routes de notre département ; il y a une solidarité nationale, donc un don, ce qui est l’inverse de l’échange marchand
- les files d’attente (comme l’explique PasDuhring), que ce soit celle du médecin, celle de la CAF, celle du poissonnier, celle des urgences, ou celle du HellFest ; dans tous les cas tu ne peux pas passer devant en payant plus cher
- le rationnement, qui coexiste souvent avec la monnaie, mais qui peut exister sans ; en France les tickets de rationnement ont disparu juste à la veille de 1950 (soit rien de moins que 4 ans après la fin de deuxième guerre mondiale), on voit du rationnement réapparaître dans certains moments de crise, en cas de pénuries d’essence, ou pour garantir que chacun ait son petit gel hydroalcoolique (alors que ça n’a pas très bon goût), ou même quand on partage une tablette de chocolat
le rôle de la monnaie dans l’Histoire
Après on peut aussi imaginer que la monnaie a pu, par moments, à travers le mécanisme du prix, être quelque chose de pratique pour piloter (sans pilote) la consommation et la production, via la main invisible.
côté consommation
Rôle rempli de façon insuffisante de toutes évidences, car on doit avoir recours aux tickets de rationnement pour la compléter.
côté production
La monnaie a été un peu utile, pour signifier, par un prix élevé : « il faut produire ça », et voir cette information se propager géographiquement de proche en proche par l’intermédiaire des marchands et des routes commerciales.
Bon, là aussi, ça a ses limites, car faut-il réellement produire davantage de Rolex et des yachts ? Je ne suis pas convaincu
On pourrait aussi parler de toutes les crises de surproduction, qu’on voit parfois sous la forme surproduction de marchandises (tulipes 1637, vin 1907, logements 2008, lait 2009, lait 2015), mais qui, grâce à la cybernétique, au toyotisme, à la capacité de l’aval à informer l’amont, s’arrêtent maintenant un peu avant, c’est-à-dire à la surproduction de capital sous sa forme machinique (des usines à l’arrêt, la mise en friche, l’arrêt de la production au niveau mondial, comme en 2020).
C’est pour éviter ces surproductions qu’on fait de la planifications, que ce soit en URSS, en République Française (cf. planification en France) ou en Union Européenne (cf. politique agricole commune). D’ailleurs, d’une certaine façon, le Capital lui-même finit par faire de la planification, par l’intermédiaire de la Banque qui choisit quel projet financer (c’est d’autant plus vrai au fur et à mesure que les banques fusionnent, et donc sont de moins en moins nombreuses, comme le répète régulièrement Pierre Jovanovic).
G1 et moyens de productions
Au niveau de la G1, on pourrait finir par faire fi de toute la partie monétaire et ne garder que les autres outils :
- l’API Gchange (pour les annonces)
- la toile de confiance (pour éviter le spam)
La monnaie, au final, ne servira à rien, si ce n’est qu’en tant qu’étape historique nécessaire (un peu comme le capitalisme pour le communisme), en tant que moyen de construction de la toile de confiance pour parvenir à une fin toute autre : le communisme (là faut imaginer un bruit de cloche grave).
Genre faire des trucs comme la page « moyens de production » de g1.business afin de rationaliser la production de moyens de production (il est absurde d’avoir une tondeuse ou une machine à laver par foyer, a fortiori un taille-haie, un rotofil, une remorque, un piano quart de queue, piscine, trampoline, panier de basket…). Même un foyer par foyer, c’est déjà un peu con, je trouve.
toile de communisation
Au moment où la communisation commencera, on pourra aussi s’inspirer du mode de fonctionnement de la toile de confiance (les 5 certifications) pour créer une « toile des producteurs », c’est-à-dire créer une reconnaissance (ou non-reconnaissance, une exclusion) en pair-à-pair des êtres humains qui sont dans une démarche communiste, c’est-à-dire ne refusent pas de rendre service (à mesure de leurs moyens) à d’autres membres de la toile dans la plupart des cas où l’un des membres leur fait la demande.
C’est ce que Cousin nomme (très mal, je trouve) les « bons de travail ».
Pourquoi ? Je n’arrive pas à deviner le lien.
Je te remercie pour cette réponse très précise.
Bien que je sois très favorable à la monnaie libre, je tiens et j’espère qu’il existera toujours des zones d’échanges non marchandes comme la famille par exemple et comme tu le disais. Famille que le Grand Capital cherche justement à détruire…
Paradoxalement (ou pas), je pense même que la monnaie libre permettra de remettre à l’honneur ce genre de zones puisqu’il n’y aura plus de nécessité à ce que le « Capital » s’infiltre de partout. Simple hypothèse de ma part.
En revanche je n’arrive toujours pas à comprendre comment une société complexe comme les nôtres peuvent fonctionner sans monnaie, le nombre d’échanges entre les personnes physiques et morales prenant des proportions exponentielles (exemple avec déjà 4950 échanges bilatéraux possible sur seulement 100 personnes entre elles et sans que celles-ci ne fassent d’associations…).
Tu laissais entendre qu’une bonne partie de l’humanité avait vécu sans argent, mais je ne vois pas trop le rapport, cette situation étant révolue.
Et quant à l’idée de revenir à une forme de vie tribale, j’y vois une totale impossibilité sauf à ce que l’humanité décide en bloc et totalement d’y retourner. Situation soit new-age, soit très futuriste, soit transhumaniste donc ; c’est-à-dire une connexion de tous les cerveaux afn que l’on devienne un peuple « fourmi ».
Toutes ces situations, je les réfute ou n’y vois aucun intérêt pour notre avenir proche, disons plusieurs décennies.
Et si la forme de vie tribale l’emportait, quid de la culture ? Comment pourrait-on échanger savoirs etc ? Comment produire des livres à grande échelle par exemple quand une petite communauté ne peut s’occuper que de sa survie ou presque ?
Je veux bien croire que toute monnaie, y compris la monnaie libre (quoi que…) porte en elle le « fétichisme de la marchandise » mais tant qu’on ne m’aura pas expliqué clairement comment on peut faire société de personnes qui ont un peu plus que leur survie à expérimenter et tout ça sans monnaie, je prendrai les analyses marxiennes et cousinistes comme ce qu’elles sont : des constats. Très pertinents souvent voire toujours, mais de simples constats de situation.
Et dans ce communisme, qui va-t-on envoyer curer nos toilettes et nos égouts ? A qui vont incomber les tâches ingrates, pénibles, difficiles et dangereuses ? Comment rétribuer les niveaux d’engagement différents dans la société s’il n’y a pas une forme de rétribution correcte ? Imaginer une rotation des rôles me paraît illusoire également : difficile d’être ingénieur, ébéniste, mécanicien, étancheur, soudeur, cureteur, plombiet et tout ce que tu veux dans une seule et même vie.
Bref, à moins que je ne l’aie mal compris, je ne vois rien de pertinent dans un communisme même bien senti
Le seul truc qui m’intéresse dans le mode de vie paléolithique, c’est l’absence d’échange marchand, et la reconnaissance de tout être humain comme un frère, sauf qu’à la différence du Paléolithique « être humain » désignera ici tous les Homo Sapiens, et pas seulement les membres de la tribu à laquelle on appartient.
Déjà ce qu’on peut dire, c’est que dans le mode de production capitaliste, c’est-à-dire celui de l’échange marchand généralisé, les tâches les plus ingrates, les plus pénibles, les plus difficiles et les plus dangereuses sont aussi les moins bien rétribuées. S’il était nécessaire de s’en convaincre, on pourrait par exemple chercher « worst jobs in the world » dans un moteur de recherche. Mais la plupart des gens savent qu’un aide soignant et un infirmier sont moins bien payés qu’un médecin, alors que les médecins ne torchent pas des culs. On sait aussi que l’item « bûcheron » arrive souvent en tête des classements des pires métiers (notamment du fait de sa dangerosité), alors que les bûcherons suédois sont bien moins rémunérés que le PDG d’IKEA (1 pour 300). Même en comparant à un managers de magasin, on est déjà sur du 1 pour 2, et pour un manager de département on est encore sur du 3 pour 4. On pourrait aussi parler des pompiers, des policiers, et de tant d’autres, mais on ne va pas tous les faire ^^
Pour revenir au mode de production communiste :
Ce n’est pas un quidam tout seul (moi pas plus qu’un autre) qui va décider, définir ou même imaginer, en le dessinant dans le post d’un Discourse, à quoi ressemblera le communisme de demain, car ce n’est pas moi qui vais décider ce que vont faire 30 millions d’amis prolétaires. Pas plus qu’un mec tout seul n’a décidé d’à quoi allait ressembler le capitalisme ; ça s’est fait « naturellement » (si on peut dire).
Mais si on ne peut pas tout imaginer (et encore moins décider) à l’avance, on peut quand même imaginer une solution, ce qui est déjà suffisant pour infirmer l’hypothèse que le communisme est impraticable.
En terme de rétribution, ça peut être très binaire, bête et méchant : soit tu fais ta part de tâches chiantes, soit on t’exclut de l’accès à la consommation (concrètement : tu ne rentres plus dans le magasin, et tu es privé de Crozes-hermitage, de tournedos et de cerises, voire même de Villageoise et de steak 20%-soja-80%-bœuf). En ça, pour bon nombre de prolétaires, ce n’est pas tellement différent de la situation présente.
On peut aussi décider collectivement de systèmes plus complexes, comme on le fait déjà avec les critères de départ à la retraite (pénibilité pour les cheminots et d’autres, dangerosité pour les militaires, etc…). PasDuhring apporte une réponse (brève mais pertinente) à cette question ici : « Comment tu pousses les gens à faire des métiers chiants ? »
On n’a pas besoin de se refaire aussi polytechniciens que les hommes du Paléolithique. Des tâches ingrates, pénibles et difficiles, on en trouve dans tous les métiers. Pour les tâches dangereuses, c’est moins le cas.
Mais une certaine rotation des tâches ne serait pas une mauvaise idée dans pas mal de cas, étant donné tous les problèmes que pose le fait de faire la même chose 150 h / mois : TMS pour les uns, pour les autres sédentarité (diabète, obésité) et absence de soleil (carence en vitamine D, myopie), voire les deux pour certains travailleurs (à la chaîne ou à la caisse).
Déjà, on peut faire une rotation au sein même d’un lieu de travail. Par exemple que les médecins d’un hôpital nettoient aussi le sol et les chiottes. Que les juges balayent leurs tribunaux.
Et puis on peut imaginer des rotations sous d’autres critères également. Que les gens qui se font livrer des repas via Uber Eats prennent un vélo 1 fois / mois pour assurer les livraisons des autres. Que les gens qui se font livrer des colis conduisent la camionnette une fois de temps en temps. Que les gens qui circulent dans l’espace public y ramassent les papiers qui y traînent 1 fois l’an.
Ça tombe bien : les tâches ingrates, pénibles et difficiles sont souvent celles qui ne nécessitent quasi ni qualification ni compétence.
Je suis d’accord avec toi, mais même mal rétribuées, elles le sont.
Non seulement je suis d’accord avec toi, mais en plus je trouve ça totalement salutaire. Cela étant dit certaines tâches exigent d’être très qualifiées et qu’on ne se consacre qu’à elles ou presque, c’était mon propos. J’ai l’impression que ce communisme que tu décris peut empêcher l’excellence ou fortement lui nuire et qu’il ne peut mettre en œuvre, par exemple, des travaux de même calibre (cathédrales etc.).
De manière plus générale, j’ai l’impression que cette idée de communisme idéal ne mesure pas la complexité du monde dans lequel on vit ou par moment est totalement hors du réel. Comme cette idée de grande tribu humaine qui n’est anthropologiquement pas viable car on ne peut se sentir en « fraternité » qu’avec des gens très proches culturellement etc.
Et si d’ailleurs certaines populations revenaient à ce mode de vie, elles se feraient immédiatement rattraper par la violence de peuples organisés à plus grande échelle. D’où l’obligation à chaque peuple d’être organisé à une échelle de taille suffisamment grande pour imposer le respect et en même temps suffisamment compacte pour maintenir son homogénéité.
Et ces échelles qui rendent les sociétés très complexes nécessitent un fluidifiant pour les échanges, fluidifiant qu’on peut appeler monnaie.
En réalité, quand on me parle de mise en œuvre du communisme idéal, ce que j’attends est à la fois un plan assez précis de comment cela peut fonctionner mais aussi quelles sont les conditions qu’il faut atteindre pour le mettre en place.
Or, ce que je lis et entends souvent à ce sujet, est une espèce de description floue de tout cela, et très « situationniste » du genre : « un jour on sera prêts pour cela »…
C’est insuffisant pour me convaincre même si la gymnastique de l’esprit est intéressante. A contrario la monnaie libre répond très clairement à un tas d’interrogations et c’est ce qui m’a séduit
+1 @LaurentM
Si la monnaie libre peut être ce fluidifiant, alors nous aurons dégrippé les rouages qui mènent des uns aux autres et irriguent la mécanique de la toile de confiance.
qualification ⇒ spécialisation ?
Oui, c’est du Adam Smith : l’efficacité naît de la spécialisation. Et d’ailleurs on pourrait améliorer l’existant, en socialisant encore davantage un certain nombre de trucs, de sorte de diminuer le temps passé à faire de l’entretien.
Mais ça n’empêche pas de passer le balai une fois de temps en temps : c’est une question de mesure. Et puis, s’il y avait plus de gens à passer le balai, il y aurait peut-être moins de gens motivés à jeter leurs détritus par terre.
De plus, les gens qui font profession de vendre leur jus de cerveau, sentant l’atrophie galopante de leur muscles, se retrouvent souvent, au final, à payer un abonnement à une salle de sport pour soulever de la fonte, ce qui est historiquement quand même collectivement complètement con, étant donné qu’en « temps normal » (sur les 10k ans écoulés) on était payé pour porter des choses lourdes.
Alors, au final, le temps qu’un col blanc perdrait à livrer du Uber Eat à vélo, c’est du temps qu’il ne perdrait pas à faire du vélo inutilement dans un Basic Fit, ce qui permettrait au passage d’arrêter d’artificialiser inutilement les sols avec ces usines à sueur.
moins de spécialisation ⇒ perte de l’excellence ?
Ça n’a rien d’évident, à mon sens. C’est parfois en faisant des tâches à-la-con qu’on est le plus motivé et inspiré à créer :
- « Les seules pensées valables viennent en marchant. » écrivait Nietzsche
- c’est lorsqu’il avait un bullshit job à l’AFNOR, de 1944 à 1946, que Boris Vian a écrit J’irai cracher sur vos tombes et Le Déserteur
- c’est lorsqu’il avait un bullshit job à l’Office des brevets de Berne en 1905 qu’Einstein a pondu ses 4 premiers travaux : 1) sur le mouvement brownien, 2) sur l’effet photoélectrique, 3) sur la relativité restreinte et 4) sur l’équivalence masse-énergie
Ce principe a été illustré, de façon humoristique, dans le s03e14 de The Big Bang Theory :
Et il y a plein d’autres exemples. J’ai demandé à DeepSeek « Quels autres créateurs ont eu leur meilleures idées en faisant tout autre chose (genre un “bullshit job”, ou un petit boulot non qualifié) ? », et il m’a sorti toute une liste, comprenant Linus Torvalds, Philip Glass et Jack London. Et il m’a précisé :
automatisation vs. apprentissages neuromusculaires
Tu m’as donné l’exemple des cathédrales, donc je ne sais pas si tu pensais à la création intellectuelle abstraite du dessin des plans, ou si tu pensais aux gestes du style « tailler une gargouille », c’est-à-dire au temps effectivement très conséquent (10 000 heures ?) qu’il faut pour engrammer une mémoire neuromusculaire.
Dans ce dernier cas, avec la mécanisation, la tendance est quand même très largement à la disparition de cette nécessité de mettre les gestes dans des cerveaux humains : on les met maintenant dans des machines ; c’est plus simple, et reproductible sans coût supplémentaire (il suffit de copier/coller le logiciel et les données).
On n’imprime pas encore des cathédrales, mais on imprime déjà des maisons :
Si on n’aime pas le style des maisons imprimées en 3D, on peut à tout le moins remplacer les maçons humains par des robots maçons :
Et puis les robots font même les plans aussi maintenant, visiblement :
Les étudiants qui sortaient d’école d’archi galéraient déjà à trouver du taf ; ça ne va pas s’améliorer pour les prochains, ni même ceux qui sont déjà là. Ils feraient bien de penser à se reconvertir, en livreur Uber Eats, par exemple.
Car si les robots de Boston Dynamics, c’est pas encore ça, ça progresse.
Je ne crois pas qu’on remplacera les aides-soignantes de si tôt, mais pour tout le reste il peut-être intéressant d’aller voir la chaîne Youtube HumanVSMachine afin de voir où on en est rendu dans l’automatisation. Quelques exemples :
Peintre :
Boucher :
Masseur :
J’ai encore demandé à DeepSeek ce qu’il en pensait.
DeepSeek ne permet pas encore le partage de discussion alors je copie/colle ça ici en masqué pour ne pas trop rallonger mon post :
chirurgien, barbier, coiffeur, ostéo, souffleur de verre, etc…
On pourrait aller plus loin encore en invoquant Henri Laborit qui, déjà en son temps, critiquait (en 1970 ? dans L’homme imaginant ?) le travail intellectuel qui ne se résumait qu’à régurgiter des automatismes de pensée, expliquant que la seule façon noble d’utiliser son cerveau était l’imagination, ce qui est intéressant à l’heure de ChatGPT et autres LLM, qui ont mis dans la machine les automatismes de pensée qu’on s’enquiquinait autrefois à mettre dans les cerveaux des gens.
niveau de vie ⇒ complexité ?
Et puis on pourrait invoquer Ivan Illich aussi (La Convivialité, 1973) ou Masanobu Fukuoka (La Révolution d’un seul brin de paille, 1975), et rappeler que les formes actuelles de la production, avec toute la complexité et la spécialisation qu’elles impliquent (du fait notamment de la mécanisation) ne seraient pas toujours les plus efficaces ni les plus rationnelles, si ce qui était recherché était le bien-être de l’être humain.
Même si le capitalisme, comparé à certaines situations antérieures, a « développé les forces productives », il ne faut pas oublier que ce n’est pas son but, simplement un effet de bord de la recherche du taux de profit des investissements de la classe capitaliste.
fraternité ⇒ culture commune ?
C’est peut-être vrai mais, pour le meilleur ou pour le pire, le capitalisme a déjà presque fini d’unifier culturellement le monde. Comme le dit Cousin : « on est tous déjà des connards d’américains, qui portons des jeans et t-shirts et buvons du Coca-Cola pour accompagner nos burgers et frites » (je reformule à peine je crois ; la flemme d’utiliser yt-fts pour chercher la citation exacte dans les sous-titres).
Il reste quoi, comme territoire, qui échapperait à la mondialisation culturelle ?
Tout ça s’unifie à vitesse grand V.
Francis Cousin - Nos enfants ne verront plus les nations :
les conditions nécessaires au communisme
La seule condition à atteindre, c’est que le mode de production capitaliste soit à bout de souffle, qu’il n’ait plus les capacités de sa reproduction, qu’il n’ait plus les moyens d’empêcher le communisme de surgir, et que les revendications prolétariennes soient radicales (et pas « le RIC »), ce qui suppose un mouvement social homogène (ce que ne constituaient pas les gilets jaunes).
C’est comme ça qu’on passe d’un mode de production à un autre : la bourgeoisie à dégagé la noblesse parce que cette dernière était devenue inefficiente, et que pendant des siècles la bourgeoisie avait gagné en puissance pendant que la noblesse s’affaiblissait. Ce qui a été possible en 1789, la prise de pouvoir de la rente industrielle sur la rente foncière, ne l’était pas en 1572.
Pendant les Communes précédentes, le prolétariat était encore trop faible par rapport à la bourgeosie, car il était très minoritaire en nombre. Le communards se sont fait massacrer parce que la paysannerie pouvait être utilisée pour les liquider. Aujourd’hui les agris représentent 4% de la population française, et je les vois mal utiliser leurs tracteurs pour rouler sur les prolos. Du coup le Capital ne tient que derrière une ligne de CRS qui se fait de plus en plus mince.
Les années post-68 ont été contre-révolutionnaires, car le Capital avait la possibilité de délocaliser la production, ce qui n’est plus le cas maintenant, car à peu près tout ce qui pouvait être délocalisé l’a déjà été.
complexité à grande échelle ⇒ monnaie ?
Les sociétés complexes nécessitent de bons outils de partage d’information pour permettre la coordination, mais ça ne signifie pas que la monnaie soit le meilleur candidat pour remplir ce rôle, ni même qu’il y ait la nécessité d’« échanges ».
D’ailleurs, on pourrait dire que les sociétés complexes actuelles ne fonctionnent pas vraiment, en tous cas pas de façon optimale, étant donné tout ce qui est produit pour être jeté. Comme le dit le poète : « Avec tout ce qu’on produit sans parler de tout ce qu’on jette, pourquoi tout l’ monde n’a pas d’ quoi se remplir une assiette ? »
À la marge on trouve des unités de production qui produisent sur commande, comme des petits fours à pain associatifs, mais ça ne représente pas la majorité de la production, qui commence par l’offre, pas par la demande, ce qui fait qu’on se retrouve avec un tas d’énergie (humaine notamment) dépensée inutilement, comme on peut le constater par exemple en lançant le Play Store.
à quoi ressemblera le communisme généralisé
Ça peut fonctionner comme fonctionnent déjà Emmaüs, ou encore les bases de recherche en Antarctique. Il n’y a pas d’échange au sein de structures comme ça, et pourtant ça fonctionne : il y a de collaboration sans échange ; des gens produisent et d’autres consomment ce que les premiers ont produit. Un partage des tâches est opéré, et ça fonctionne. Certains cuisinent, d’autres construisent, d’autres transportent des choses d’une base à l’autre, etc…
D’ailleurs, il est intéressant de noter que les franco-antarcticains appréhendent chaque fois leur retour au monde marchand.
Après, il y a deux grand modèles il me semble :
- la stigmergie, si on ne veut pas que « le “faire” soit séparé du “décider” » (comme dirait Cousin)
- le conseil ouvrier (le “сове́т”, en russe) : en gros, le pays devient une grande SCOP, dans laquelle on décide ensemble comment on veut allouer notre force de travail collective : veut-on faire sortir du sol un magasin supplémentaire ? construire une autre usine ? construire de nouveaux logements ? rénover une salle des fêtes ? entretenir l’existant ? se former ? faire de la recherche ? mettre une sphère de Dyson autour du Soleil ?
Dans les deux cas, il n’y a pas les 2/5èmes de la production qui est vampirisée par la classe capitaliste, ce qui fait qu’à niveau de vie égale (pour le prolétariat, certes pas pour Bernard Arnault & consorts), on passerait mécaniquement de 35h/semaine à 21h/semaine. Les 14h/semaine ainsi libérées suffiraient largement à argumenter, délibérer et voter sur les choix de production. Même 14h/an, à la limite. On a à peu près tous internet maintenant, donc ça peut aller vite.
Après c’est sûr qu’imaginer un autre rapport social quand on est matrixé (et je le suis aussi) par l’existant, ce n’est pas évident. Je pense que cinéma est d’une meilleure aide que l’écrit pour se faire une représentation mentale.
On peut citer le film L’An 01. C’est un peu le testament politique de la révolution française manquée de 1967-1968. J’aime bien la scène où ils décider de changer la façon de produire des pâtes, ou encore la scène des éclairs ou encore leur façon assez visionnaire d’utiliser l’outil informatique et internet (qui n’existait pas encore) pour faire de la démocratie directe.
On pourrait se demander aussi comment marche la société humaine dans Matrix, puisqu’on ne les voit pas utiliser de monnaie ni pratiquer l’échange marchand.
Il y la même question pour Star Trek :
Haa merci pour cette discussion étayée, qui prend la forme d’une réflexion ouverte et aucune forme d’agression ou dénigrement. Ça fait du bien.
@somebody il me semble que tu idéalises un peu les comportements paléo, ou les « 7000 ans oubliés » du mésolithique, ou encore le début du néolithique. Qu’est-ce qui te fait croire que les homo sapiens avaient davantage le tropisme d’une « fraternité d’espèce » que tout autre mammifère ?
Il me semble au contraire que la crainte de l’autre a toujours été, et que le réflexe de « faire corps » pour mieux se protéger ou survivre, a toujours eu une portée, une étendue limitée. L’extension de cette capacité est spécifiquement humaine, et repose sur des croyances et symboles, afin de dépasser les limites de la proximité physique. Force est de constater que ces extensions se sont rarement effectuées dans la douceur et le consensus. Mais le temps oblitère et sédimente. Donc on finit par défendre et se battre pour quelque chose contre lequel on se battait hier (construction d’une nation par exemple).
Partant de là, l’idée d’un communisme à l’échelle d’une nation, d’un empire ou de la planète me semble déconnecté de ce que nous apprend l’histoire.
Il peut avoir lieu, mais à nouveau dans un contexte à portée limitée. Ce que l’on peut appeler une « communauté pseudo-isolée ». Ou alors elle requiert un régime autoritaire, qui n’a de logique que celle du rapport de force, qui lui-même ne peut qu’augmenter.
La monnaie est un outil très puissant car il résout le problème majeur d’une économie, en tant que distribution d’une production. Ce problème majeur est celui de l’asymétrie. Tous nos échanges et tous nos faits et gestes sont asymétriques. Or pour résoudre cette impasse, il y a peu de recours.
Le communisme que tu évoques repose sur le recours au législateur. Tu finis par devoir légiférer sur toutes les asymétries. Mais elles sont omniprésentes. Il ne peut finalement être qu’arbitraire et autoritaire. Il finit donc par reposer sur la force et une morale imposable. Et cela à mesure de son étendue, de l’échelle adressée.
Un autre recours pour résoudre le problème de l’asymétrie omniprésente de nos échanges et nos efforts, c’est la monnaie.
Au fait je précise pourquoi ces asymétries sont un vrai problème. Si elles ne sont pas traitées afin que chacun retrouve ses équilibres propres, selon ses critères propres, elles génèrent automatiquement des ressentiments (usure, abus, …). Or le ressentiment est lui-même un générateur automatique de conflits.
J’aime beaucoup l’idée d’une sorte de scop revisitée et généralisée. Mais en aucun cas elle ne devrait selon moi être « une ». Ce serait contraire à un principe élémentaire de robustesse. Il me semble plus opportun de les multiplier et de rendre possible leur coopération. En fonction de son domaine, la portée de chaque scop devrait par exemple privilégier la plus petite échelle possible, tout en se mobilisant sur sa reproductibilité.
J’aime beaucoup l’idée de l’élan naturel à la coopération, voire à la solidarité, et de chercher un modèle, modus vivendi, qui repose dessus. C’est effectivement un autre tropisme humain. Or la création monétaire telle qu’elle est, empêche techniquement cet élan d’avoir libre court, et oblige la prédation, la cavalerie, le pillage de toutes les ressources et la génération mathématique d’un nombre croissant de « laissés pour compte ».
C’est en cela que la monnaie libre change la donne et devient « stratégique », c’est que l’on peut concilier les deux pour la première fois. C’est l’idée et un modèle que je propose dans « une économie du don - enfin concevable ».
6 exemplaires se baladent pour une mission « relecture » un peu distribuée, je vous fais signe quand je le diffuse, j’ai hâte de savoir ce que vous en penserez.
Le groupe Mocica Le Grand Projet prépare depuis 12 ans un monde post monétaire… (non marchand, sans argent et sans dirigeant)
Version courte https://youtu.be/vt8orIVQ7xA?si=o7i6eIEA4PtB3iP_
Version longue https://youtu.be/XwvsqSjTpzk?si=duLWkOAlstyXP-hV
Oui j’ai suivi ce projet généreux.
J’y fais référence en précisant en quoi elle me paraît reposer sur une analyse partielle du problème.
Extrait de mon petit bouquin :
J’ai entendu un autre propos un peu fantasmé, tenu par des militantes de l’absence de monnaie. Par exemple l’idée qu’il ne faudrait pratiquer que le troc, immédiatement, qu’il faudrait en fait le généraliser, systématiquement. Ou bien l’idée d’une absence de monnaie comme finalité ultime, qui passerait par des étapes intermédiaires comme les SEL (système d’échanges locaux), les JEU (jardin d’échange universel), ou peut-être la monnaie libre. Il y a bien sûr le généreux grand projet mocica qui prône et promeut une totale gratuité.
Ce propos repose sur l’idée que la monnaie est en elle-même porteuse de problèmes, de déséquilibres ou encore de corruption mentale, qu’elle serait le vice majeur de toute société. Il y a l’idée en tant que source de tous les problèmes, qu’il suffirait de la supprimer pour résoudre ces problèmes.
Pourtant, c’est seulement la monnaie-dette, qui est elle-même porteuse de problèmes et de déséquilibres, donc générant beaucoup de corruption mentale ; ce n’est pas la monnaie en général.
Effectivement notre monnaie actuelle, celle qu’on nous impose dans les trois sens du terme, est la source de la majeure partie de nos problèmes, mais c’est aussi la source de nos comportements à toutes, dès que nous devenons homo oeconomicus.
Effectivement, tant que l’on imagine la monnaie unique, il est pertinent d’associer cette devise à la plupart des problèmes économiques vécus à notre échelle de main d’œuvre et de vouloir s’en affranchir, si possible. Mais l’existence d’une création monétaire tangible décentralisée, change la donne.
La promesse d’une économie du don, c’est justement que cette monnaie (produite par un DU selon la TRM, je rentre dans le détail de ces acronymes en deuxième partie) y apparaît alors davantage comme un outil qui permet de créer des équilibres ; donc exactement l’inverse. C’est ce que nous allons voir dans cet essai.
Pour finir le petit brossage symbolique ou philosophique, dans une définition radicale du don, il y a enfin l’idée qu’il ne peut pas être mesuré, encore moins chiffré.
Il y a sans doute des contextes qui rendent possible un fonctionnement collectif sans monnaie, vous avez peut-être des exemples en tête ou vécus, mais en y regardant bien, on constate que ce sont des expériences ou des fonctionnements… de courte « portée ». Ce sont des communautés que l’on appelle en économie ou en sociologie « pseudo-isolées ». Soit physiquement, ce qu’on nomme communément « vies communautaires », soit dans un jeu, ou une thématique, un métier, une pratique. Je précise un peu au prochain chapitre.
Je finis celui-ci par positionner clairement le don dont je parle.
Le définir, non pas en tant que définition universelle et univoque du don, très loin de moi l’idée, mais en tant que définition dans le cadre d’un modèle éco, dans le cadre d’une économie monnaie-libriste.
Autrement dit, pour concevoir une économie dont le geste structurant serait le don, il faut accepter la définition qui suit :