haha Laurent le censeur.
Avant tout je n’ai pas accordé au féminin des noms masculins comme toi tu le fais dans ton titre. Un rapport d’enquête est réécrit, non pas réécrite.
Je visite simplement la règle qui dit « le masculin l’emporte », dans 2 cas précis, le pluriel et le neutre. Dans le second cas, le neutre ne l’est pas et dans le premier cas, les femmes sont - naturellement - implicites. Ici, j’équilibre, une fois sur deux, le neutre est tantôt masculin, tantôt féminin, une fois sur deux ce sont les hommes qui deviennent implicites - naturellement.
Mais comme on apprend cette règle depuis qu’on pratique lecture et écriture, on oublie que ce n’est qu’une règle. Or elle imprime les esprits, automatiquement. Lorsqu’un esprit ne peut plus envisager une autre règle et l’évaluer pour ce qu’elle est, cet esprit est formaté.
Mon propos n’est donc pas de te convaincre, il est en revanche de te faire un peu plus respecter d’autres règles, implicites et explicites.
Si tu veux proposer une version qui rejette ou réfute cette proposition, cet essai, cette expérience, libre à toi. Mais rends-la explicite. « Version corrigée par LaurentM, depuis la version originale écrite par Yvv ».
Dire pourquoi tu réfutes en introduction de ton doc me semblerait être la moindre des corrections de ta part, mais c’est le fruit de mon cheminement perso, chacun le sien.
Donner le lien pour accéder à la version originale en introduction de ton doc, me semble être le propos de la licence CC-NC-NY. Là encore, à toi de voir si tu respectes les premières règles fragiles qui cherchent à fonder les communs.
A contrario dans ce geste initial de ta part, tu « corriges » mon texte, tu amputes mon intro, on ne sait pas si tu as changé d’autres contenus et formulations, tu bouscules la pagination, tu ne mets pas à jour le sommaire, …
bref tu altères ma production, mon ouvrage.
mais tu laisses l’entête et le titre comme si j’étais l’auteur.
sic
Pour conclure, tu peux préférer la certitude d’avoir raison au questionnement, libre à toi, mais ne te sens pas obligé de l’imposer aux autres, ici, personne ne t’a demandé de corriger mon texte, et surtout, je ne te l’ai pas demandé. Ni toi ne m’as demandé si j’étais intéressé par ta prestation.
Mais puisque tu prétends corriger, faire preuve de correction est ce que j’attends maintenant de toi, en supprimant cette version qui n’en a pas, et en postant une version dans les règles de l’art que je consigne au-dessus. Et je te remercie d’avance pour la qualité de ce que tu produiras.
PS Bonus : l’intro de ce rapport est un condensé de l’intro de mon bouquin « une économie du don ». Je te la copie ici, parce que ce qui est drôle c’est que certaines phrases vont te plaire. Et à ce moment une question intéressante et amusante que tu pourras te poser : « merde je suis d’accord avec cette phrase là, … est-ce que ça me fait chier ou est-ce que ça me fait plaisir ? »
Extrait :
[…
En préambule, je préviens ici que j’emboîte le pas d’Alain Damasio vis-à-vis de l’écriture inclusive. Convaincu de longue date sur le fait qu’un langage structure la pensée, il me semble pertinent de se pencher sur cette question d’un pluriel qui élude le féminin, de même qu’un singulier dit « neutre » qui de fait ne l’est pas.
En contrepartie, cette pratique dite de la grammaire inclusive, pose selon moi deux problèmes majeurs. Elle n’est pas inclusive à l’usage, premier souci, voire embarque avec elle l’opprobre, à la fois celui des personnes qui militent pour cette écriture lorsqu’elle n’est pas pratiquée et des autres qui ne supportent pas cette transformation, vécue comme une déformation. Si cette expérience et cette réflexion sont intéressantes et légitimes, elles sont manifestement clivantes ; clivage alimenté par le jugement et le reproche moral, de part et d’autre. Cette approche oblige, en quelque sorte ; or obliger est toujours à double tranchant. Mais c’est un problème plus social ou idéologique (voire politique), qui dépasse donc la seule question du langage.
Le deuxième problème, indépendamment des postures idéologiques, c’est que cette écriture est désagréable à lire, et plus encore, à écrire. Tout le geste de l’écriture est tendu vers la fluidité et la clarté, en général. Damasio décrit cela très bien dans son dernier bouquin.
[ avr. 2024 – Vallée du silicium, ce n’est pas un roman ]
Il y a entre autres une présence et une vigilance musicale permanente, pour qui cherche à y mettre un peu d’amour, de qualité. Or l’écriture inclusive ne permet pas de jouer à cela. J’ai essayé, ça ne passe pas.
Je trouve donc la proposition de Damasio plutôt géniale, dans le cas d’un livre, car ce sera par exemple plus difficile sur le petit volume d’un simple article de presse.
Il propose d’alterner : un chapitre au féminin, un chapitre au masculin.
L’effet produit est excellent, c’est exactement celui que je recherchais personnellement, rétablir les équilibres et infléchir les esprits en leur soumettant quelque chose d’inhabituelle mais qui reste élégante. A double titre.
Je commence donc bien sûr ainsi, honneur au féminin ainsi dévoilé, grammaticalement révélé. Messieurs appréciez dans ces chapitres, de n’être qu’implicites – évidemment.
…]