Le jugement majoritaire

Faudrait que je compare avec mon ancienne préférence, le vote alternatif, qui consiste à classer les options, puis à éliminer celui le moins présent en premier sur tout les bulletins, et à recommencer, jusqu’à ce qu’une option soit en premier sur plus de la moitié des bulletins. Sauf que pour que ça soit plus consensuel, au lieu de prendre l’option qui est le plus présente en première position, et bien supprimer celle qui est la plus rejetée en étant en dernière position, et continuer jusqu’à l’option qui est la moins rejetée sur la moitié des bulletins :slight_smile:

Dans la vidéo en question le sens de « consensus » est plus proche de « minimiser l’insatisfaction ». Voir vers les minutes 23, 29,30, 37…

Et c’est dommage que dans le traitement des options il n’évoque pas, en alternative au vote blanc, le choix NOTA / FD dont je parle dans mon premier commentaire. C’est ce qui assure qu’on puisse s’en sortir si aucun choix ne convient. Et je pense que ça permet aussi de mitiger l’effet « majoritaire » qu’il associe ensuite systématiquement à la méthode Condorcet à partir de la minute 41.

Tout le débat c’est qu’on a pas la même définition de compromis, les mêmes attentes, et aucun de nous deux se trompe ^^ On a juste un système de valeur différent, nous amenant à prescrire différentes solutions.

Prenons un exemple pour être plus claire :

Imaginons que Alice, Bob et Carole doivent se décider entre 2 options A et B.

  • Alice rejette catégoriquement l’option A, et trouve l’option B passable. Pas franchement emballée, mais acceptable.
  • Bob et Carole plébiscite complètement l’option A, ils sont très emballés par cette option. Par contre, l’option B, comme Alice, passable.

Récapitulatif des votes :

  • option A = rejeté, très favorable, très favorable
  • option B = passable, passable, passable

Le jugement majoritaire nous indique de regarder la mention médiane, ici très favorable pour l’option A, et passable pour l’option B. C’est donc l’option A qui est choisi par le jugement majoritaire.

Pour la méthode de condorcet, un duel est réalisé entre les deux options. Alice préfère B à A, et Bob ainsi que Carole préfère A à B. C’est donc l’option A qui l’emporte. On peut même dire que l’option A est l’option vainqueur de Condorcet. Les majoritaires seront satisfait.

@pini, après avoir lu le process de décision chez Debian, les options qui perdent leur duel face à l’option par défaut FD sont rejeté. Ici, si on considère que c’est le choix « rejeté », et bien si je me trompe pas, ce n’est pas le cas pour l’option A qui est préféré à « rejeté ». C’est donc également l’option A qui est retenue.

Et pourtant, personnellement, quand je regarde le récapitulatif des votes, l’option la plus consensuelle, celle qui est le meilleur compromis selon moi, c’ est l’option B qui me semble moins clivante.

C’est pour cela que, pour moi, le jugement majoritaire, ainsi que la méthode de condorcet, randomisée ou pas, avec l’option par défaut FD ou pas, ne me conviennent pas. Je préfère un système qui choisi l’option B que je trouve être un meilleur compromis :slight_smile:

C’est le cas du vote alternatif à l’envers. L’option A étant l’option la plus rejetée, elle est éliminée, c’est donc l’option B qui est choisi.

Pour le vote quadratique, imaginons que chaque membre dispose de 3x points. Imaginons aussi qu’ils allouent 0 point quand ils rejettent, x points quand c’est passable, et 2x quand ils sont très favorable. Alice indique donc 0 pour l’option A et x pour l’option B (elle ne dépense pas tout ses points). Bob et Carole indique 2x pour l’option A et x pour l’option B (ils dépensent tout les 2 leurs 3x points maximum). Sans appliquer de puissance 1/2, l’option A a donc 4x points, et l’option B 3x points. C’est un vote cumulatif classique. Mais si on applique la puissance 1/2 (équivalente à la fonction racine), quelque soit la valeur numérique de x, c’est l’option B qui devient supérieur :wink: Car si on a prend par exemple x=1, alors l’option A comptabilise 2 * 2^1/2=2,82…, mais B comptabilise 3 * 1^1/2=3, qui est supérieur.

Merci à tous, d’avoir répondu à propos du vote blanc et pour toutes ces réflexions et contributions. :smiling_face_with_three_hearts: Je m’y plongerai dans quelques jours.

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Je ne trouve pas que le rapport physique, la rencontre réelle soit un inconvénient, au contraire cela permet de prémunir la démarche consultative de l’entourloupe possible d’intermediaires manipulateurs et reponsabilise les « référents » du vote.

Concernant Duniter:

oui, autrement dit, le respect du rasoir d’Ockham, c’est à dire le principe d’économie qui découle de l’étude des propositions exposées et argumentées afin de pouvoir les comparer pour en retenir la « meilleure » , la plus parcimonieuse en réponse à l’objectif , au questionnement clairement défini au préalable.

bonjour,
et ben, pour une vidéo qui s’annonçait « border-line » par rapport à la monnaie-libre, en voilà un débat…
n’étant pas expert en la matière, je me demandais juste : quel que soit le mode de scrutin,
il bien question ici d’élire un ou des représentants ?!
est-ce que ça ne serait pas avant tout ce mode représentatif qui serait à revisiter
et non le système permettant le choix du représentant ?
enfin à mon avis :hugs:

PS : est-ce que « parfois », l’ancien ne doit pas être simplement abandonné, afin de laisser place à d’autres fondements ?
ce à quoi, j’ai l’impression que la monnaie-libre s’applique avec brio, en explorant de manière concrète et pratique des pistes fonctionnelles ?

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Non, un vote peut servir à faire des choix collectifs, quand le consensus est impossible. Et là se pose la question de maximiser la satisfaction, ou minimiser la frustration.

La monnaie permet de favoriser un choix (un projet) en le finançant, mais je ne vois pas comment elle peut s’opposer à un projet.
Si 10 000 personnes veulent construire une route, ou un parc d’attraction, ils peuvent le financer, que peuvent faire les 200 000 qui s’opposent à ce projet ?

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ils peuvent financer sa démolition. :wink:

Il existe aussi LiquidFeedback, inspiré par les Partis Pirates, qui favorise la politique des idées plutôt que celle des partis.
Ne l’ayant pas expérimenté moi-même, je n’ai pas d’avis précis sur la démocratie liquide. Mais peut-être qu’ici quelqu’un pourra apporter ses lumières :wink:

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Bof, ça risque surtout d’engendrer un conflit, avec tout un tas de conséquence néfaste.
Je préfère une solution plus pacifique, même si elle n’est satisfaisante pour tout le monde, çà fera sans doute moins de blessés.

il me semble qu’entre confrontation et conflit viennent s’immiscer le bon sens et la cohérence qui fait que telle ou telle chose est pertinente ou non ?!

après, à chacun à son point de vu, dont je ne souhaite pas débattre ici, comme ailleurs !

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La solution la moins pacifique pour opérer des choix et jugements sur ce qui et valeur et non valeur est l’élection de représentants qui décident à la place des dès lors administrés simples électeurs de chefs .

Ces représentants proclamés « légaux » sont légitimés par l’élection alors qu’ils sont fondamentalement illégitimes vis à vis de la véritable démocratie et ont besoin à fortiori d’être protégés par les forces de l’ordre qu’ils financent par les crédits bancaires qu’ils signent.

est ce que permet le DU oui, logiquement progressivement et nouvellement.

Pour essayer de résumer avec un exemple :

Il y a un unique puits dans un village. On doit décider collectivement comment le gérer, car si on agit de manière incohérente c’est la cata et tout le monde meurt de soif. Il y a deux avis différents, incompatibles.

Pour généraliser, plusieurs méthodes :

  1. débattre et se mettre d’accord.
  2. si on n’arrive pas à se mettre d’accord, une partie peut accepter qu’elle préfère avoir un consensus plutôt qu’avoir le dernier mot.
  3. si on n’y arrive pas, voter et se mettre d’accord pour respecter l’issue du vote.
  4. si l’issue du vote n’est pas respectée, l’imposer. (nécessite une organisation préalable ou une grande reconnaissance du vote) (ce point se confond avec le 3)
  5. si on n’y arrive pas, imposer sa volonté, et le plus fort aura le dernier mot.

Pour l’instant, la G1 a l’air de rester entre 1 et 2, très rarement 3. C’est ce point 3 qui nécessite de trouver un système de vote.

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Merci @yyy pour ce lien ! Ma réaction est assez proche de celle d’elois. Je croyais la domination de la majorité inéluctable, et je vois maintenant le scrutin de Borda d’un autre œil. Sa variante est séduisante car elle incite l’électeur à s’exprimer sur tous les candidats, mais elle partage avec le scrutin cumulatif (que je vois comme la répartition de n gommettes sur les x candidats) l’inconvénient que tout le monde doit poser le même nombre total de « points de satisfaction », ce qui empêche d’exprimer une insatisfaction face à tous les candidats.

Je suis d’accord qu’il y a quelque chose d’arbitrairement linéaire dans le scrutin de Borda. Deux candidats successifs dans le classement n’ont qu’un seul point de différence quel que soit l’écart d’opinion. Cet effet persiste même si on applique une puissance au nombre de points.
Si cette puissance est 1/2, il me semble qu’on tempère non les opinions majoritaires (qui ne sont pas encore connues lors de ce calcul, qui a lieu avant la somme), mais les opinions extrêmes (rouge, vert foncé). Si, après les débats, je donne beaucoup de points à l’option qui me semble favorable au plus grand nombre (vote stratégique au sens du vidéaste), ce choix sera atténué alors qu’il est en faveur du consensus. Autre problème, à mes yeux : on s’affranchit de la règle 1 personne = 1 voix, puisque les opinions extrêmes sont minorées.

Bref, tous les modes de scrutin ont leurs inconvénients. Maintenant je sais que le jugement majoritaire a celui de ne pas forcément trouver le consensus, merci pour cela. Comme l’ont dit tuxmain, le vidéaste et d’autres, le débat est encore le meilleur moyen de trouver un consensus.

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0 exprime l’insatisfaction, et un seuil peut être demandé pour qu’une option soit envisageable je pense :slight_smile: un votant peut tout à fait mettre 0 à toutes les options. Et si il n’y a pas assez de points pour aucune des options, et bien on continue les discussions :slight_smile:

Tout à fait. Mais je me suis peut-être mal exprimé, ma proposition d’appliquer une puissance 1/2 s’applique à un vote cumulatif :slight_smile: Chaque votant à x points à distribuer. Si c’est 10, il peut par exemple noter : 1,1,4,4 sur 4 options différentes. Il n’y a pas la contrainte de Borda que les options soient forcément ordonnées et espacées de 1 point :slight_smile: plusieurs options peuvent être noté pareil.

0^(1/2)=0, du coup une insatisfaction en reste une. Les opinions très basses ne sont pas tempérées.Par contre effectivement, si quelqu’un met tout ses points sur une seul option, l’option gagnera finalement moins de points qu’espéré. L’idée est bien de diminuer le score d’options qui seraient plébiscitées par une partie de la population, face à des options mois plébiscités mais par plus de monde.

Par exemple, une note de 5 rajoute 5^1/2=2.23 au score de l’option. Une note double, 10, ne rajoute que 10^1/2=3.16. On est vraiment loin du double, à peine 40% de plus ! Une option avec des 5 passera devant une option avec des 10 mais moins nombreux. On favorise plutôt la prise en compte du nombre de personnes que leurs satisfactions concernant l’option.

Le consensus c’est de prendre tout les avis en compte. Si 80% des gens plébiscitent une option, je pense qu’il faut avoir à cœur de quand même ne pas oublier les 20%, de les prendre en compte, de les écouter… Leurs objections peuvent être plus ou moins quand même prise en compte etc…

Tout le monde a bien le même nombre de points :smiley: c’est juste qu’on va artificiellement diminuer l’influence d’un groupe majoritaire afin de mieux prendre en compte l’avis des minorités ^^
Finalement, comme dit au dessus, au contraire, on favorise moins la satisfaction des satisfaits, mais plutôt le nombre de personne un minimum satisfait :slight_smile:

C’est ça :wink: Et on a tous des valeurs différentes nous amenant à choisir des modes de scrutin différent.

Le traitement des objections aussi je pense. Bien écouter peut permettre de répondre facilement à certaines craintes et peurs, et trouver une solution qui convient à plus de monde alors que personne n’y avait pensé au début :slight_smile:

Parfait, c’était le but :smiley: Merci pour cette échange :wink:

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Ouiii, la nuit porte conseil, et je me suis réveillée avec l’intention d’enlever le mot rouge de mon message. Trop tard :stuck_out_tongue_winking_eye:. Par ailleurs, tu avais bien écrit que ce calcul concerne le vote cumulatif ; c’est un manque d’attention de ma part.

C’est vrai qu’il serait bon de pouvoir désigner l’option C plutôt que l’option A de la vidéo. Je vais faire quelques simulations avec Excel pour bien saisir cet effet d’atténuation des votes très positifs, et voir si ça réduit vraiment l’insatisfaction de la minorité.

En tout cas, vu de mon système de valeurs, le scrutin cumulatif et sa variante quadratique ont deux inconvénients majeurs :

  • l’électeur doit distribuer tous ses points, donc ne peut pas exprimer une insatisfaction globale, notamment voter blanc
  • les candidats idéologiquement proches se nuisent mutuellement, donc on garde les primaires et les sombres tractations de partis, l’agrégation des opinions et la disparition des nuances, ainsi que le vote utile qui muselle les écologistes depuis des décennies. Je trouve ça vraiment décourageant.

« doit » tu es sûr ? ^^ un peut distribuer 0 points je pense :slight_smile:

Ah effectivement, repartir les points peut sûrement amener à du vote utile.

Pourquoi pas une variante entre le vote majoritaire et le vote quadratique, où tout le monde note chaque option (de 0 à 5, note qui peuvent aussi être exprimée sous forme de mention), mais ensuite on applique une « tempérance » (une fonction puissance entre 0 et 1 :slight_smile: ) ?
Du coup on peut mettre 0 à tout, 5 à tout, 10 à tout… sans contrainte :wink:

Voir même un « meta vote », où chacun exprime en plus sa « temperence » souhaitée, pourquoi pas :smiley:

J’ai eu la même idée, et voici un exemple (pdf de 34,3 Ko) avec 4 candidats dont le classement au jugement majoritaire est totalement inversé si on applique la racine carrée. Pour cela, j’ai dû convertir la mention en un nombre de points allant de 0 à 6.

Qu’en pensez-vous ? Trouvez-vous que la déquadratisation (la notion mérite bien un néologisme) améliore le classement ?

Pourquoi faire la somme ? Du coup ça n’a plus rien à voir avec le jugement majoritaire…

Mais que faire d’autre avec cette racine qui ne change pas la médiane, alors ?

Prendre la médiane, c’est dire « la majorité l’emporte, un point c’est tout ». La racine carrée et la somme permettent de tenir compte de la composition du profil de mérite, tout en conservant les deux avantages qui me tiennent à cœur : l’expression de l’insatisfaction est possible (vote blanc par exemple) et le résultat est insensible à l’ajout ou au retrait d’un candidat mineur (pas de dispersion des voix).
Ne croyez pas que la racine carrée bouleverse complètement le résultat. J’ai dû chercher ces cas où le résultat est inversé. D’ailleurs, au cours du processus, je me suis rendu compte combien les voix au milieu du profil de mérite sont déterminantes. Une seule voix fait basculer les candidats A et B de très bien à bien, et B passerait même devant A si l’électeur médian changeait d’avis. Donc je retire ce que j’ai dit plus haut à propos de l’entorse à « 1 personne = 1 voix ».

Je n’ai pas d’avis définitif sur cette déquadratisation. Je me demande si l’effet qu’elle produit est souhaitable.