Ğitoyens, Ğitoyennes!

Oui développer un système de votes basé sur la toile de confiance Ğ1 serait une expérimentation très intéressante :smiley:

En fait ça fait 4 ans que j’y pense, mais je ne peux pas être au four et au moulin, déjà que je manque cruellement de temps pour Duniter lui-même :sweat_smile:

Ce qui est très frustrant quand on est dev c’est que l’on sait comment faire plein de choses et du coup on a plein d’idées, mais on peine et on sue des milliers d’heures pour concrétiser même pas 0,1 % de tout ce que l’on voudrait faire :confused:

Il me semble avoir entendu des bruits de couloir selon lesquels @tingletangleb pourrait être motivé pour développer un système de votes si la communauté le demande.

ATTENTION : un système de vote pose plein de questions complexes autant éthiques que techniques, si @tingletangleb ou d’autres développe un tel système, vous devez vraiment prendre le temps de creuser le sujet et de vous poser les bonnes questions.

Ayant longuement réfléchi à ce sujet depuis des années, je vous partage ici quelques idées importantes que je vous invite à étudier avec la plus grande attention:

1. Le choix du mode de scrutin

Le choix du mode de scrutin ne va pas de soi. Toute personne qui s’intéresse au vote devrait étudier ça, je vous recommande chaudement de visionner la série de vidéos de Science4All à ce sujet : La main invisible d'un mathématicien malveillant | Démocratie 1 - YouTube Notamment les vidéos 3, 4 et 5 étudient différents modes de scrutin, le mode de scrutin présentant le moins de biais semble être le scrutin de Condorcet randomisé.

2. Système de vote masqué (mais pas anonyme)

Je parle bien d’un système de vote non-anonyme où tout le monde peut savoir qui a voté quoi une fois le scrutin terminé.

L’idée est simple : quand un membre vote, au lieu de publier son bulletin de vote, il garde précieusement son bulletin de vote dans un fichier sur son ordi/tel et il publie à la place un pré-bulletin que contient son identité et l’empreinte de son vote (un hash d’engagement).

Puis lorsque la date de clôture des votes est atteinte. Chacun à par exemple une semaine pour publier son vrai bulletin de vote.
N’importe-quel observateur peut alors vérifier que l’empreinte de chaque bulletin de vote correspond bien à l’empreinte présente sur chaque pré-bulletin correspondant: il est alors impossible de modifier son vote en fonction des choix des autres.

Pour être plus précis: cela ne fonctionne que si l’empreinte est calculée via une fonction de hashage cryptographique ET que chaque bulletin de vote contiens un salt aléatoire.
Dsl pour le jargon technique, je veux bien prendre le temps d’expliquer ça à quelqu’un qui saurait traduire en terme plus simple, voir expliquer ça en images, hélas perso je suis nul pour faire des schémas/dessins :sweat_smile:

3. Système de vote décentralisé

Un système de vote basé sur la toile de confiance Ğ1 se doit au minimum d’être décentralisé, sinon il faut faire confiance à un tiers qui à la main sur le système de vote et qui peut donc altérer la sincérité du scrutin.
En fait la seule chose qui importe c’est que la sincérité du scrutin puisse être intégralement vérifiée à posteriori par n’importe-quel observateur, si tel est le cas alors la gestion du scrutin peut sans problème être prise en charge à une personne ou un groupement de personnes particulier.

4. S’assurer que le votant à étudier sérieusement la question

Quelle que soit la question, dans la très grande majorité des cas notre intuition ou nos à priori nous donne un point de vue fortement erroné.
Nous les humains avons tendance à être plein de certitudes et à avoir un avis sur tout, le plus souvent par intuition ou au nom d’un supposé «bon sens».
Il n’y a pas de secret, avoir un avis réellement éclairé et pertinent sur un sujet demande d’y avoir consacré beaucoup de temps. Or nous avons tous nos vies, on ne peut pas étudier tous les sujets à fonds (et même si l’on pouvait on en aurait pas forcément envie).

Il en résulte que l’avis de la majorité est souvent erroné, appliquer cet avis tel quel peut se révéler très néfaste in finé.

Pour pallier à cet écueil, lorsque qu’une question est posée, les Ğitoyennes et Ğitoyens qui souhaitent se prononcer devrait avoir l’obligation de consacrer du temps à étudier la question avant du pouvoir voter. Cela pourrait être vérifié avec un quizz/qcm qu’il faudrait réussir avec un certain taux de bonnes réponses pour avoir le droit de voter sur la question posée.

De plus, il faut que le temps entre la formulation précise de la question (et de toutes les réponses possible soit) et la clôture du vote soit suffisamment long pour laisser aux tenants de chaque thèse le temps de réaliser un article ou/et une vidéo argumentant leur point de vue.

La page sur laquelle on vote devrait d’ailleurs redonner les liens vers chaque thèse et demander au votant s’il a bien étudié chaque thèse avant qu’il puisse voter.

Notamment le biais de confirmation nous pousse à n’étudier que les thèses qui confortent notre intuition initiale, il faut vraiment se faire du mal pour se forcer à étudier les thèses qui contredisent notre intuition initiale.

5. Tout votant devrait avoir reçue une formation sur les biais de notre crétin de cerveau et sur la pensée critique

Nous pensons mal, nous avons un avis sur tout, et notre cerveau plein de biais déteste se tromper. Si nous n’avons pas consciences de tout les biais de notre crétin de cerveau nous ne pouvons pas avoir la vigilance nécessaire pour les reconnaître et amoindrir leurs impacts sur nos choix.

Une excellente série sur les biais de notre cerveau que tout francophone devrait avoir vu au moins une fois dans sa vie :

Il est également essentiel de prendre conscience de l’étendue de notre ignorance et avoir la sagesse de ne pas se prononcer quand la question posée porte sur un sujet que nous n’avons pas pris le temps d’étudier et pour lequel nous ne pouvons pas/voulons pas y consacrer du temps :

Au fond, une démocratie directe n’est pas suffisante, il faut en plus que chaque citoyen soit suffisamment conscient et formé, ce qui est une tache très ardue.

6. Le vote ne garantit pas le traitement des objections

Le vote n’est pas le seul processus de décision possible, c’est même un processus de décision qui présente bon nombre de défauts.

Dans de nombreux cas, une prise de décision par traitement des objections peut être bien plus bénéfique.
Avec le vote, la minorité peut se retrouver gravement spolié. Tandis qu’avec un processus itératif par traitement des objections on peut arriver à une proposition complexe qui convienne à toutes les parties mais à laquelle aucune partie n’aurait pensée au départ.

Conclusion

Je ne suis pas contre le vote, je dis simplement que ce n’ai pas forcément toujours «bien» de décider en votant. C’est un outil qui à ses avantages et ses défauts. Et lorsque l’on choisit de l’utiliser, il faut être bien conscients de ses risques et prendre le temps de mettre en place les nombreuses conditions nécessaires à un vote le plus juste et éclairé possible :slight_smile:

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