Pour être tout à fait honnête, j’aurais moins facilement rejoins la monnaie libre si les promoteur-ices annonçaient noir sur blanc ou de vive-voix qu’elle est libéral (ou libertarienne). Je ne communiquerais pas trop la-dessus non-plus, et j’ai moyennement envie d’essayer de redonner un autre sens à ces mots ! Pour autant, on peut reconnaître et assumer ce penchant.
Mais que la June soit vraiment ou faussement libéral, on remarque vite qu’elle a une orientation qui approche de prés cette idée. Et ça tique souvent la-dessus quand j’en parle à mes amies et « collègues de travail politique » de tout bord : souvent citoyennistes (dont beaucoup pour la « transition »), ou communistes, ou anarchistes, ou même gilet jaune récemment ! Perso, j’ai bien du mal à me situer dans tout ça.
Que la G1 prenne tranquillement son essor ou qu’elle se retrouve propulsé par une grosse crise monétaire/économique, il est probable selon moi que le DU ne sera pas une entrée d’argent suffisante pour (sur)vivre . Ou il me paraît trop risqué de faire le pari du contraire.
J’amène cette discussion justement parce qu’il est me parait extrêmement difficile d’être libérale sans reproduire un fonctionnement capitaliste. C’est peut-être pour cela que les libéraux se retrouvent souvent classé comme étant de droite. Ceci est valable en Euro comme en monnaie libre ! Et d’autant plus si on ne remet pas en cause la propriété privé, et donc la propriété privé des moyens de productions (peu importe que ce soit un patron ou des actionnaires, ou tout un engrenage d’entreprises plus ou moins majoritaires, …). Sans trop vouloir minorer le pouvoir des banquier-es et de la monnaie-dette, rappelons que les capitalistes non-banquier-es ont aussi énormément de pouvoir ! Et que malgré toute les apports positifs de la monnaie libre, illes seront loin de perdre ce pouvoir tant qu’illes resteront propriétaire des moyens de productions. Cela vaut pour la multinationale jusqu’a la PME.
Ou pour reprendre cette exemple du logement et du monopoly, on serait nombreux-se à débarquer dans une partie entamée sans pouvoir acheter de titre de propriété et à devoir se débrouiller avec les DU, les dons ou le travail pour se loger. Je ne crois pas que le fait de tou-te toucher un DU nous permette vraiment de refuser d’offrir une rente à un-e marchand de sommeil.
Il faudra donc vendre sa force de travail pour obtenir plus de G1. (Peu importe que la personne crée sa propre activité qu’elle met en vente ou que la personne aille rejoindre une entreprise qui la rémunère). Alors oui, je reprend le langage marxiste qui me parait toujours pertinent, avec peut-être en amont des idées non-basées sur des « hypothèses de valeur subjective relative ». (J’avoue mal comprendre si ces mots/idées ont une vrai prise sur le réel. Comme pour le « marché » remplacé par un « champs de valeur » et ce que cela changerait en vrai.)
Il y a aussi d’autres questions sur un modèle de société plus ou moins « libérale ».
En France, malgrès les nombreux travers en faveurs de grosses compagnies, la santé ou les soins sont en bonne partie écarté de logique marchande. Le système de soin fait partie de la sécurité sociale, qui fonctionne grâce à un modèle de cotisation obligatoire relativement efficace et moins chère. Beaucoup d’étranger-e nous l’envie. Le système de retraite par répartition, c’est cool aussi ! Bref tout les systèmes de redistribution « obligatoire » qui font qu’on est couvert ou qu’on touche un revenu sans « travailler ».
Impot sur le « revenu » ou sur les sociétés, taxe sur la « valeur ajoutée », cotisation sociale prélevée sur le « travail » → Je veux bien entendre que ces différentes notions risquent de perdre leurs sens une fois que les nouveaux paradigmes de la monnaie libre remplaceront les anciens.
Malgré cela, il n’y a aucun discours visible de membre de la monnaie libre sur ce genre de question « politique », à priori car hors de la question monétaire.
Donc pour nos possible futurs, il faut vraiment espérer que tout le monde reconnaîtra spontanément une « valeur » au vieux-vieilles, ou alors les non-rentier-es devront se contenter de leurs unique DU (et de la solidarité de la famille ou des amies).
Autre futur en G1, si on a de vrais soucis de santé et que l’on a besoin de soins, il faudra payer avec son DU ou faire appel à la solidarité autour de soi, peut-être par du financement participatif (faut être un minimum bien portant ou alors déléguer l’affaire !). Ou alors avoir épargné pour ce genre de coup dur.
On peut aussi reconstruire un système de libre cotisation à des caisses de santé. Ca reste libérale. Chacun choisi de ne pas cotiser, ou de cotiser un peu, ou cotiser beaucoup, à la caisse de son choix. Et chacun-e a ainsi accès à un niveau de soin qu’on doit compléter par soi-même si on dépasse un seuil/périmètre. Genre le système de mutuel de santé sans l’existence de la CPAM ou la MSA. C’était un fonctionnement « d’économie sociale » d’avant 1945. Je ne pense pas que ce serait mieux avec un régime de monnaie libre.
On peut se poser le même genre de question en terme d’éducation, de formation, … Ou sur plein d’autres domaines aujourd’hui gérés par l’économie de marché.
(j’avoue par contre que je n’ai pas envie d’aborder le trio régalien police-justice-armée…)
Alors je ne suis pas spécialement Etatiste ou pour des systèmes bureaucratique comme la CPAM ou l’école. Mais je pense aussi que le simple « libre choix individuel d’affectation des ressources en G1 » risque d’être assez dangereux dans ses effets et qu’on devrait élargir la question. Même avec une monnaie libre, l’argent risque d’être un facteur de violences sociales…
Je garde dans un coin de l’esprit que je reste peut-être encroûté dans les paradigmes de l’ancien monde et que je devrais mieux réfléchir aux subtilités Labordienne pour mieux réaliser à quel point une ou des monnaies libres résoudraient beaucoup de soucis.
Quoiqu’il arrive, la monnaie libre reste une superbe invention qui va faire plein de belles choses !